Arlawoud - La Terre des Loups

Je crois que la mort n'est pas une fin, elle nous donne la paix. Mais je crois que seul une belle vie peut nous rendre heureux
 
Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

 

 OCCF - Section Élite

Aller en bas 
AuteurMessage
Asha




Messages : 7
Date d'inscription : 16/12/2015

OCCF - Section Élite Empty
MessageSujet: OCCF - Section Élite   OCCF - Section Élite EmptySam 4 Juin - 22:07

Bon. Te fous pas de ma gueule, au départ c'était un délire OCCF - Section Élite 2894534354

Voilà, donc c'est l'histoire de l'OCCF, une unité des forces de l'ordre séparée de la gendarmerie et de la police qui traite des crimes les plus graves. Dans mon histoire, la criminalité a eu un gros pic, et il a été nécessaire de la fonder. Pour entrée à l'OCCF, y a trois critères :
- Avoir été sélectionnée par les dirigeants (sur les principes de la force physique/mentale)
- Réussir un espèce "d'examen", une année test (AT), une année immersion avec les autres gens dans un milieu hostile, avec des exercices physiques et mentaux tout le temps (un peu comme les cents jours en enfer de Cherub). Un seul repos : le dimanche est libre, mais c'est aussi une épreuve mentale parce qu'après les gens ne veulent plus bien revenir.
- Être quasi seul au monde, pour être le plus dévoué possible à l'organisation.

Ceux qui tiennent au moins six mois à l'AT sont recrutés. Ceux qui tiennent un an rejoignent la Section Élite (tout est dans le nom). Point de départ : Alex Lacombe, ancien lieutenant de crime de la gendarmerie et  capitaine de l'OCCF, vient de fonder la Section Élite aidé de son amie la lieutenante Élodie Mercier, ancienne lieutenante des stups. Cinq personnes les rejoignent : Roxane, Laura, Maxime, Luc et Sarah, les cinq survivants de l'AT. Pour rire, j'avais fait une couverture :
Spoiler:

Donc voilà, je me lance. Donc oui c'était un délire, faut pas se moquer de l'histoire et de touuuuuuuuuutes leurs relations sentimentales un peu chelou.


Dernière édition par Asha le Sam 4 Juin - 22:10, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Asha




Messages : 7
Date d'inscription : 16/12/2015

OCCF - Section Élite Empty
MessageSujet: Re: OCCF - Section Élite   OCCF - Section Élite EmptySam 4 Juin - 22:08

PARTIE 1 - Le Tueur aux Papillons

Prologue

Elle était si belle, même morte. Ses longs cheveux roux tirant vers le châtain coulaient sur ses épaules dégagés, tel un torrent de feu. Sa peau blafarde tranchait avec l'obscurité nocturne, et ses grands yeux bleus étaient ouverts et sans vie, son visage figé dans une dernière expression horrifiée. Tu la regardas, et de nouveau, tu tombas sous son charme. Quel dommage de devoir la tuer ! Tu le regrettais bien, mais elle ne t'avait pas laissé le choix. C'était trop tard, à présent. Trop tard pour regretter, pour changer d'avis. Tu devais le faire, point final. Doucement, tu sortis de la cage de verre et tu t'enfonças dans la forêt qui s'étendait aux alentours. Tu jetas un coup d'œil à ta montre : il te fallait partir à présent, avant que quelqu'un ne tombe sur toi. Tu abandonnas le couteau encore taché de sang dans les fourrés. Les papillons se réveilleraient dès les premières lueurs du jour. Mais pour la plus belle d'entre eux, c'était terminé. Elle ne reverrait plus jamais les rayons du soleil darder leur clarté sur ses ailes irisées. Son dernier regard aura été pour la nuit.

La tuer avait été si simple ! Tu te souvins de ton geste, le sang qui coulait, le couteau qui scintillait au clair de lune, son corps qui s'effondrait comme une poupée de chiffon. Ses mains, tendues dans un dernier geste de supplication, étaient retombées contre son corps, ses muscles s'étaient figés. Elle était morte. La suite, la mise en scène, avait été plus longue, mais qu'importe. Il le fallait bien. À présent, tu rentrais chez toi. Tu avais tout prévu, depuis longtemps : personne ne saurait jamais rien de ton crime.


Content de lui, Martin Saurel tendit la main à son épouse. Voilà aujourd'hui dix ans qu'ils étaient mariés, mais Anne n'était jamais totalement satisfaite de ce que son mari faisait pour elle. Elle trouvait toujours un défaut à ses bijoux, toujours un ou plusieurs problèmes aux voyages qu'il lui organisait. Elle voulait toujours plus beau, toujours plus romantique, et toujours plus luxueux pour se vanter auprès de ses insupportables amies. L'homme soupira. Serait-elle un jour satisfaite de l'un de ses cadeaux ?

Celui-là semblait plutôt bien parti. Anne aimait la nature, et un séjour pour un week-end dans un des hôtels les plus chics de France à seulement dix minutes d'un parc naturel, il n'aurait pas pu visé plus juste. Depuis une heure qu'ils étaient partis, elle ne cessait de papoter en observant les arbres et les animaux aux alentours. Il ne comprenait pas grand-chose à ce qu'elle racontait, mais peut lui importait. Le bonheur de son épouse faisait le sien, voilà ce qu'il s'était toujours dit. Ah ! Il se souvenait des commentaires de sa famille et de ses amis, des commérages qui disaient qu'il ne trouverait jamais quelqu'un ! Quand il était rentré à la maison avec elle, cette jeune femme si belle et si intelligente, il les avaient tous scotché.
– Et cette cage, qu'est-ce que c'est ?
M. Saurel fronça les sourcils, mais déjà, Anne s'écartait du sentier vers l'élément qui avait attiré sa curiosité. Elle était décidément trop impatiente. En soupirant de nouveau, il décida de l'attendre là pour s'assurer qu'elle ne s'éloignait pas trop du sentier.
Soudain, elle hurla.
L'homme se précipita vers elle.

Dans la cage de verre voletaient des dizaines de papillons de toutes les couleurs. Un spectacle magnifique. Mais M. Saurel vit, au sol, un étrange squelette, sûrement mort depuis plusieurs jours. Il frissonna devant cette découverte macabre, en songeant à l'article qu'il avait lu le jour précédent, sur cette tombe ouverte par des vandales.

Cependant, ce n'était pas le squelette qui avait attiré l'attention de sa femme. Il leva la tête. Au milieu de la cage, suspendue dans les airs, un mannequin, les bras écartés, déguisé en papillon, se trouvait là. Du moins, c'est ce qu'il crut, avant qu'un léger éclat rouge sur le front n'attire son regard. Et pas n'importe quel éclat rouge.
Une goutte de sang.

Ce n'était pas un mannequin. Mais un cadavre.


Dernière édition par Asha le Dim 5 Juin - 14:20, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Asha




Messages : 7
Date d'inscription : 16/12/2015

OCCF - Section Élite Empty
MessageSujet: Re: OCCF - Section Élite   OCCF - Section Élite EmptySam 4 Juin - 22:08

Chapitre 1

Le capitaine Alex Lacombe, vêtu de la combinaison blanche réglementaire, observait la cage de verre. On y avait retiré le cadavre, mais un mannequin avait été suspendu à la place à l'attention des enquêteurs qui s'affairaient aux alentours de la scène de crime. Les papillons avaient été évacués, et l'homme n'avait pour témoignage que les photographies prises par les techniciens arrivés en premiers sur les lieux.
– Curieuse mise en scène, lâcha-t-il.
À ses côtés, le lieutenant Laura Erimel hocha la tête, l'air nerveuse.
– Mon capitaine ?
Alex se retourna. Sarah Altava, lieutenant elle aussi, se dirigeait vers lui. Il l'avait chargée de rassembler les premières informations que les agents avaient recueillies. Elle continua :
– La victime est Lily Bornier, 42 ans, aide aux devoirs à domicile pour le compte d'une entreprise spécialisée – son passeport est dans la poche du costume. On a retrouvé son corps à l'emplacement du mannequin, ainsi qu'un squelette à ses pieds.
– Un squelette ? Mais de qui ?
– Il n'est pas encore identifié, mais l'ouverture de la tombe et la disparition du corps d'un certain Matthieu Lenoir a été signalée récemment. Pas encore d'informations sur le sujet.
– Laura, préviens Roxane, qu'elle trouve ce qu'elle peut, ordonna l'homme.
L'intéressée s'éloigna en sortant son téléphone. Le capitaine continua :
– Qui a trouvé le corps ?
– Deux randonneurs qui fêtent leurs dix ans de mariage. Un agent prend leur déposition, répondit Sarah.
– Et niveau famille ?
– Lily avait une sœur jumelle, Éva Bornier, avocate. Mat essaye de la contacter. Leurs parents sont en voyage, ils arrivent par le premier avion.
Un agent se dirigea vers eux et lança :
– Mon capitaine, mon lieutenant, le médecin légiste veut vous voir.
Laura revenait dans leur direction. Alex répondit :
– D'accord, on arrive. Sarah, appelle Élodie, et allez interroger le couple qui a trouvé le corps. Laura, tu viens avec moi.
Les deux jeunes femmes allaient partir quand il les arrêta :
– C'est notre premier meurtre en temps que membres de l'OCCF. Détendez-vous, vous vous en tirerez très bien.
Elle acquiescèrent silencieusement. L'homme hocha la tête et partit en direction du cadavre, non loin de là.

~

Le médecin légiste, une femme du nom d'Alice Codain, était penchée sur le cadavre. Elle releva la tête à leur approche, et Alex put voir la victime de plus près. Il ne put s'empêcher de frissonner, malgré sa grande expérience en matière de meurtre.
La jeune femme était belle, c'était incontestable. Elle paraissait plus jeune que son âge, et sa magnifique chevelure rousse tranchait avec sa peau blafarde. Ses yeux étaient bleus – rare, pour une rouquine – et tout aussi beaux que le reste. Elle était vêtue d'un grossier costume de papillon, du genre que l'on trouve dans un magasin pour enfants – des ailes vives, des décorations surfaites – mais en taille adulte, et l'on ne voyait pas le sang transparaître. Seule une légère goutte était visible, près de son cou. Le capitaine sentit Laura se crisper à côté d'elle. -> Le capitaine c'est un gars, je me trompe ? Donc c'est à côté de lui je pense. La jeune femme était à vrai dire terrifiée. Elle était sensible et douce de nature, et la vue de ce cadavre avec toute cette terreur dans ses yeux était terrible pour elle. L'homme posa une main sur son épaule. Il savait que le premier meurtre n'était jamais très simple. Il demanda :
– Alors ?
Alice Codain soupira et dit :
– Je n'ai pas encore retiré le costume, ce sera fait avant l'autopsie. Je sens une énorme entaille (elle posa la main sur la poitrine de la victime) juste ici, au niveau du cœur. Je n'ai pas pu remarquer de sang. Le déguisement a été sûrement enfilé après le meurtre.
Alex fronça les sourcils.
– À quand remonte la mort ? questionna-t-il.
– Pour l'instant, je n'ai pas de réponse précise, mais je peux vous dire qu'elle a été tuée cette nuit, entre… environ vingt heures et minuit. Je m'en assurerai à l'autopsie. Vu l'entaille, sûrement poignardée – mais je verrai cela plus tard.
L'homme hocha la tête et conclut :
– C'est noté, merci à vous. La victime…
Son portail vibra. Il le sortit et reconnu le numéro de Roxane.
– Excusez-moi…
Il s'éloigna et décrocha :
– Oui?
– Mon capitaine, j'ai fait les premières recherches.
– Dis moi tout.
– Attendez une seconde…
Une pause. La jeune femme reprit :
– Matthieu Lenoir, mort il y a deux ans à 38 ans, habitait dans le 3ème à Lyon. Il était mécanicien dans un garage près de chez lui, récoltait plutôt de bonnes remarques.
– Comment est-il mort ?
– C'est là que ça se complique. Il y a une histoire de procès, je suis en train de déterrer… Oh !
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– C'est énorme… Il avait une petite copine, une certaine Lucie Aubry. Elle a été violée par un inconnu dans une ruelle. Matthieu a été accusé par la police.
Alex poussa un sifflement. Roxane poursuivit :
– La suite est bien pire. Il s'est défendu jusqu'au bout, clamant son innocence. Mais les preuves commençaient à s'accumuler contre lui, et Aubry lui a intenté un procès. Il a fait plusieurs crises de larmes ou de colère pendant le jugement et a finit par s'échapper avant de se jeter du toit d'un immeuble.
– Sacrée histoire… Il a été déclaré coupable ?
– Eh non... Les recherches ont été poursuivies, et les flics ont trouvé une preuve irréfutable de son innocence. Trop tard.
Une nouvelle pause. Alex digérait l'histoire. Il demanda :
– Mais quel rapport entre cette histoire et Lily Bornier ?
– Avec Lily, aucun. Mais devinez qui était l'avocate d'Aubry…
L'homme releva la tête, et aperçut Sarah qui attendait Élodie pour interroger le couple. Ses paroles lui revinrent. Sur la famille…
– Éva Bornier, souffla-t-il. La sœur de Lily.
– Tout juste ! Et elle a pas été tendre avec lui. Écoutez ça… « L'homme que vous voyez devant vous n'est pas ce qu'il semble être. Un soir, il a attiré sa compagne dans une ruelle, a braqué une arme sur elle, l'a forcée à se déshabiller. Cet homme l'a violée, il a réduit son intimité en miette, et il ne mérite aucune clémence ; vous devez voir le coupable en lui, cette silhouette cagoulée qui a détruit la femme qui l'aimait et lui faisait confiance. C'est un violeur. Rien de plus. Il a brisé une vie, sans pitié, pour satisfaire son propre plaisir. Il doit être puni. Il doit être condamné. ». Le soir même, on découvrait son corps désarticulé. Si j'avais été un proche de Matthieu, j'en aurais voulu à Éva…
– Et aussi à sa famille, acheva le capitaine.
– À moins que le tueur n'ai tout simplement confondu les deux femmes. Elles se ressemblent énormément.
– Possible, répondit l'homme, mais le meurtre semble prémédité, pas commis sur un coup de tête. J'avertis Sarah et Élodie. Creuse autour d'Éva, Lily, Matthieu et cette Lucie Aubry. Famille, relations, travail, problèmes, je veux tout savoir. Demande à Maxime et Luc de t'aider.
– OK, je m'en occupe.
Alex raccrocha en fronçant les sourcils. Une curieuse histoire, tout de même. Il leur appartenait, à la Section Élite de l'OCCF, d'éclaircir tout cela.
D'autres soucis lui trottaient dans la tête. Le premier était le commandant Duclan. Le capitaine n'appréciait pas beaucoup son supérieur, qui en plus était trop souvent occupé ailleurs pour surveiller l'équipe. Il n'appréciait pas beaucoup que l'homme dévalorise l'organisation dont Alex avait pris la tête.
Le deuxième… il préférait ne pas y penser. Il ne voulait pas se déconcentrer de son travail. En soupirant, il composa le numéro d'Élodie. Il lui expliqua la situation, avant de raccrocher et de ranger son téléphone.
L'homme rejoignit Laura et le médecin légiste. Au regard interrogateur du lieutenant, il répondit par un vague mouvement de la main. Plus tard, semblait-il dire. La jeune femme comprit. Alex continua :
– Je disais donc… La victime a-t-elle été agressée sexuellement ?
Alice Codain répondit :
– Pas visiblement… Encore une fois, je confirmerai à l'autopsie. Oh, Tristan vous attend, il a effectué les premiers prélèvements.
– Parfait, répondit le capitaine. Je vais lui parler.

~

Élodie écouta Alex jusqu'au bout, les sourcils froncés. Elle avait plus l'habitude des rivalités entre dealers que de ces histoires relationnelles. Quand il eut fini, elle raccrocha, retira ses écouteurs et donna un dernier coup de volant pour garer sa voiture. Sarah l'attendait.
Élodie avait tout de suite apprécié sa collègue rousse. Et puis… Il y avait quelque chose en elle qui la troublait profondément. Un sentiment qu'elle avait déjà ressenti…
La jeune lieutenante chassa cette pensée. Avec Alex, elle était la seule qui faisait déjà partie de la police avant de commencer à travailler à l'OCCF, et n'avait pas passé l'Année Test. En cette qualité, elle devait montrer l'exemple aux autres, et ne pas penser à ses stupides émotions.
Les deux femmes se dirigèrent vers le couple. Ils avaient l'air bien secoués. Elles prirent place sur des chaises en plastique disposés par des agents, et Élodie vit Sarah noter quelque chose. Psychologue de formation, la rouquine avait déjà du obtenir des informations rien qu'en observant attentivement ce qu'elle appelait le langage corporel du couple. L'ancienne des stups ouvrit l'interrogatoire :
– Bonjour, monsieur et madame Saurel. Ça va aller ?
La femme releva la tête et s'exclamer :
– Ça va aller ? Ça va aller ? Je viens de découvrir un corps ! Il y a eu un meurtre, et j'ai découvert ce… cadavre ! Ça ne va pas, non ça ne va pas du tout…
L'homme posa une main sur le genou de sa femme :
– Anne, calme-toi…
Et à la grande surprise de Martin Saurel, son épouse obéit. Elle devait vraiment être secouée. Élodie continua, quelque peu déroutée :
– Et bien… Puis-je enregistrer notre interrogatoire ?
– D'accord. Qu'est-ce que vous voulez savoir ? demanda le mari.
– Que faisiez vous dans le parc naturel ?
– Nous fêtions nos dix ans de mariage, et j'avais organisé ce voyage…
– Un magnifique voyage, renchérit Anne Saurel. Jusqu'à cette cage, oh…
Elle fondit en larmes. Élodie était légèrement agacée. Ce genre de femme était pile ce qui nourrissait les stéréotypes sur le genre féminin : agaçante, sensible à mourir, toujours à exiger de son mari, surfaite… Sarah se leva et l'entraîna à l'écart pour la calmer. La remerciant du regard, Élodie poursuivit :
– Je disais donc… Que s'est-il exactement passé ?
– Nous étions partis à l'aube, vers 6h, répondit Martin Saurel. Anne était tellement impatiente… Bref, nous avions commencé notre promenade. Nous avons suivi une des pistes, la jaune je crois, et puis Anne a aperçu la cage de loin, il devait être un peu près 6h30. Elle s'est aventurée hors du sentier, et je suis resté à ma place au cas ou elle se perdrait… Puis je l'ai entendue hurler.
– Et vous avez accouru.
– Oui. C'était horrible… Cette femme, morte, et ce squelette… Avec tous ces papillons, en plus… Vous savez ce qui s'est passé ?
– On y travaille. Le nom de la victime, Lily Bornier, vous dit quelque chose ?
– Non.
– Eva Bornier alors ? Ou Lucie Aubry ?
– Ni l'une ni l'autre.
– Et celui de Matthieu Lenoir ?
– Non, ça ne me dit rien. C'est lui, le squelette ? Ils ont parlé de la profanation d'une tombe hier, mais ils n'ont pas cité le nom…
Élodie éluda la question.
– Vous dites donc que vous avez découvert le corps à 6h30. Vous n'aviez jamais vu cette fille auparavant ?
– Non, jamais. Vous savez, nous sommes partis vivre en Amérique peu après notre mariage, pour mon travail, et nous revenons assez rarement… Une fois par an environ. Alors on ne sait pas trop ce qui se passe en France…
– Une dernière chose. Est-ce que vous ou votre femme avez touchés la cage en verre ?
– Moi, non ! Anne, je ne pense pas. Elle était à un ou deux mètres de cette… cage, et elle semblait bien trop terrifiée pour approcher…
– Très bien, monsieur Saurel, merci à vous. Si vous vous souvenez de quelque chose, n'hésitez pas à contacter l'OCCF…
– Bien entendu. Je vais voir ma femme, à présent.
Ils se levèrent, et Élodie rejoignit Sarah.
– Alors ? T'en penses quoi ? interrogea cette dernière.
– Ils savent rien. Ils nous serons d'aucun secours. Et toi ?
– Idem. Cette Anne est juste une femme habituée au luxe un peu secouée, et son mari essaye de se montrer fort mais il est sûrement encore moins rassuré. Enfin bon… Rien d'intéressant. Tu préviens le Capt'ain ?
– OK, attend deux minutes.

~

Alex et Laura rejoignirent le responsable scientifique, Térence Gauthier, un homme à la peau sombre et aux yeux perçants. Le capitaine demanda :
– Alors, qu'est-ce que vous avez ?
L'homme répondit :
– Pas grand-chose ! Il y a des traces de doigts sur la cage, mais pas d'empreintes. Le coupable portait sûrement des gants. Sinon, pas de cheveux, pas de traces d'ADN, le néant total ! Votre homme devait porter une combinaison totale.
– Il n'a vraiment rien oublié ?
– Si ! Les chaussures ! Enfin, c'est un maigre indice…
Le scientifique désigna une empreinte soigneusement délimitée :
– Le tueur a commis son crime dans un endroit peu fréquenté. Il en reste que c'est une forêt… Enfin bref, on a réussi à extirper trois empreintes de pas. Deux correspondent aux Saurel, mais on voit clairement les traces du troisième type d'empreintes entrer dans la cage... et en ressortir ! C'est pas grand-chose, mais l'assassin portait des chaussures à crampon, pointure 42. Et mieux que ça… Il y a une irrégularité dans l'appui du pied. C'est minime, mais il marche un peu bizarrement, comme s'il avait les pieds plats.
Alex soupira :
– Pas beaucoup, effectivement… Mais c'est toujours mieux que rien. Cette homme – ou cette femme – a bien bossé son projet ?
– Affirmatif. Mais cette histoire de chaussure… C'est pas un gros indice, mais un professionnel n'aurait jamais laissé passer un truc comme ça. Il l'a pas tuée sur un coup de tête, ça c'est sûr, mais ce n'est pas un pro.
– OK, c'est déjà ça de gagné. Vous m'appelez si vous trouvez quelque chose ?
– Comme d'habitude !
Alex s'éloignait avec Laura quand son téléphone vibra une nouvelle fois. Élodie. Il décrocha :
– Ouais ?
– Bon, Alex, les deux témoins ne savent rien.
– C'est à dire ?
– Expatriés en Amérique, juste un peu secoués, ils ont découvert la cage vers 6h30. Ils ne connaissent pas la victime, ni les autres, ne savent rien, n'ont rien vu, rien entendu. Que dalle !
Le capitaine soupira au téléphone. Il reprit :
– Moi, j'ai vu rapidement avec le responsable scientifique, ça brille pas non plus. Briefing au QG dans une ou deux heures, le temps de rentrer à Lyon ?
– Ouaip ! Je suis déjà en route avec Sarah. Je préviens les autres. Tu es avec Laura ?
– Oui. À tout de suite !
Le capitaine rangea son téléphone et jeta un dernier coup d'œil à la scène de crime.
Voilà une bien curieuse affaire, songea-t-il. Un procès pour viol, le cadavre de la jumelle de l'avocate en charge de la victime, le squelette de l'accusé blanchi mais suicidé, une mise en scène étrange, peu d'indices, deux expatriés qui découvrent le corps… Je me demande quand tout cela va se finir.
Alex Lacombe retira son masque, sa combinaison qui couvrait ses vêtements et ses chaussures, ainsi que la charlotte qui maintenait en place ses cheveux blonds. Laura fit de même.
Oui, une bien curieuse affaire…


Dernière édition par Asha le Dim 5 Juin - 15:19, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Asha




Messages : 7
Date d'inscription : 16/12/2015

OCCF - Section Élite Empty
MessageSujet: Re: OCCF - Section Élite   OCCF - Section Élite EmptySam 4 Juin - 22:09

Chapitre 2

Alex observa un instant les personnes qui se trouvaient dans la petite salle de briefing. Cette dernière était seulement composée d'une table noire autour de laquelle se trouvait huit chaises. Un projecteur était installé et chaque membre assis avait en sa possession un ordinateur avec écran détachable.
Huit personnes étaient présentes, une sur chaque chaise. Alex était le premier, le chef de la Section Élite de l'OCCF, et Laura, Élodie et Sarah étaient également présentes. On pouvait aussi voir les lieutenants Roxane Duhamel, Maxime Torres et Luc Mercier – le frère d'Élodie – ainsi que l'agent en chef Mathéo Erimel, le cousin de Laura, qui représentait les agents affectés à la SE et que tout le monde appelait Mat.
Alex leva la tête et ouvrit le briefing :
– Bon ! Récapitulons nos premières informations.
Il passa le doigt sur sa tablette, envoyant sur le projecteur l'image de la cage de verre avec Lily Bornier au milieu. Il reprit :
– Notre victime, Lily Bornier, âgée de 42 ans. Elle est donc aide aux devoirs à domicile, salariée d'une entreprise d'aide aux familles. Au sol, le squelette de Matthieu Lenoir. Nous avons déjà établi le lien entre eux.
L'homme projeta trois autres photographies.
– Vous voyez ici Éva Bornier, sœur jumelle de Lily, avocate. La deuxième photo représente l'une de ses anciennes clientes, Lucie Aubry, agressée et violée il y a deux ans. La troisième photo est celle de Matthieu Lenoir, le petit copain de Lucie au moment des faits. Je laisse Roxane vous raconter les détails.
La jeune femme tressaillit, et continua l'exposé du capitaine :
– Avec Maxime et Luc, on a fait des recherches sur ces quatre personnes. Lily Bornier est une fille sans histoire, ses comptes sont propres. Elle aide les trois enfants d'une famille chaque soir, et propose également des cours de soutien pendant les week-end et les vacances scolaires. Elle est aussi animatrice pour des colonies scolaires, et elle a un planning très rempli… Elle n'a jamais eu aucune plainte, toujours à l'heure, ne rate presque aucun cours et dans le cas contraire préviens au minimum deux jours à l'avance. Les parents l'apprécient, les enfants l'adorent, elle arrive à joindre les deux bouts sans pour autant être très aisée : c'est une madame normale.
– Pas de compagnon ? D'anciens copains jaloux ? interrogea Alex.
– Elle a eu quelques relations quand elle était plus jeune, mais rien de récent, d'après ce que j'ai pu voir. Vu ses heures, d'un autre côté… Enfin, il faudrait interroger ses amis pour plus de détails.
Élodie fronça les sourcils et demanda :
– Et les trois autres ?
– C'est là que ça devient intéressant ! Maxime a réussi à récupérer les dossiers, et je pense pouvoir détailler les événements.
Elle glissa une photographie représentant Matthieu et Lucie sur le projecteur. Souriant, l'air heureux, leur bonheur semblait parfait. L'illustration avait été prise dans un parc lyonnais. Roxane poursuivit :
– L'histoire débute il y a trois ans. Matthieu et Lucie étaient en couple depuis déjà trois ans, et s'entendaient très bien. Ils avaient tout les deux 38 ans. Pas de dispute majeure entendue par leurs amis, rien qui semble mettre en danger leur relation. Matthieu était garagiste chez Renault. Il travaillait dur et sans se plaindre, ses patrons étaient contents de lui, les clients aussi. Lucie était institutrice en primaire, plutôt appréciée de ses élèves, les parents appréciaient ses méthodes, et elle semblait heureuse.
 » Le drame est arrivé le douze février d'il y a trois ans. Lucie était partie pour une fête. Elle a bu, beaucoup bu, trop bu, et elle a fini par coucher avec l'un de ses amis. Elle n'a rien dit pendant quelques mois, mais, début novembre, elle a fini par se lasser de Matthieu et lui a raconté toute l'histoire. Elle a rajouté qu'elle allait le quitter pour partir avec cet ami.
 » Comme on peut le comprendre, Matthieu l'a plutôt mal pris. Le 10 novembre, Lucie rentrait à pied de l'école jusqu'à chez elle – elle habitait à dix minutes. Elle était rentrée tard, car il y avait un pot donné pour le départ d'un professeur en cours d'année. Pour éviter les routes bondées, elle prend généralement un chemin plus tranquille qui passe par pas mal de petites ruelles. Dans l'une d'elle, vers 23h, un homme vêtu de vêtements noirs et d'une cagoule a bondi sur elle, l'a plaquée au mur avant de la violer sous la menace d'un pistolet.
 » La police nationale de Lyon a pris l'enquête en charge. Ils se sont logiquement tournés vers Matthieu, c'était le suspect le plus probable. Il a prétendu être sorti en boîte pour ne plus penser à sa rupture, mais le club avait été cambriolé par une bande de délinquants et les bandes de surveillance avait disparu dans la casse. Quant aux amis de l'homme, ils avaient trop bu pour se souvenir de l'heure a laquelle Matthieu a quitté la boîte. La police a trouvé l'arme achetée illégalement dans les égouts de la ruelle, et en remontant à la source, ils ont trouvé un magasin dont les caméras avaient filmé Matthieu achetant un pistolet.
 » Lucie avait porté plainte contre X pour viol, et c'est lui qui a été jugé au tribunal un an après les faits. Elle a pris Éva Bornier comme avocate, conseillée par l'une de ses amies. Maître Bornier est excellente dans son travail, elle a remporté la plupart de ses procès. Elle a démonté Matthieu, et son avocat – un certain Robin Piquet – n'a pas réussi à le défendre. Il a vraiment pris lourd, le pauvre. Petit à petit, ses amis se sont détournés de lui. Son patron l'a licencié pendant le procès, et plus personne ne le croyait. Il n'avait plus qu'une vieille mère malade, personne sur qui compter, personne qui ne lui faisait confiance. Au bord du désespoir, il a réussi à filer entre les pattes de ses gardiens, est monté tout en haut d'un des immeubles aux alentours et a sauté du toit.
 » La police a retrouvé les voleurs de la boîte de nuit. Des petits délinquants sans envergure qui voulaient faire une blague. Sur les bande de surveillance, on voit Matthieu quitter les lieux à deux heures du matin, soit après le viol de Lucie. De plus, le vrai coupable a fini par être retrouvé : un petit voyou qui a réussi à piquer l'arme de Matthieu et qui a dû trouver ça drôle de l'utiliser pour violer l'ex de ce dernier. Il a tout déballé et a pris seize ans.
 » A la suite du procès, Lucie a démissionné de son poste et est partie avec son nouveau compagnon à Bordeaux, auprès de ses parents pour se « ressourcer ». Éva a continué son métier comme si de rien n'était. Le procès s'étant déroulé dans un huit-clos, il n'a pas été diffusé – à la demande de la victime – dans la presse.
Un silence suivit l'exposé de Roxane. Seul Alex et Élodie ne se démontèrent pas, habitués à ce genre d’histoires sales. La lieutenante demanda :
– Et Matthieu ? Qui a-t-il comme famille ? Amis ?
– Ses « amis » qui l'ont abandonné pendant le procès ne se sont apparemment pas fait remarquer, du moins pas à ce que j'ai pu voir en si peu de temps. Comme je l'ai dit, il lui reste sa mère, Madeleine Lenoir. Elle a bien 70 ans, maintenant, et souffrait déjà d'arthrose au moment des faits. Après la mort de son fils, elle s'est recroquevillée sur elle-même et a fini par faire un AVC. Elle a des difficultés à parler, et ne peux pas quitter son fauteuil roulant. Elle est actuellement en maison de retraite, et à part deux ou trois amies, ne reçoit aucune visite.
Nouveau silence. Cette fois-ci, c'est Alex qui reprit :
– Et pour Lucie ? Et les Bornier ?
Luc, qui jusque là n'avait rien dit, pris la parole :
– Les parents de Lucie sont à Bordeaux avec leur fille. Elle est donc avec son petit copain, Patrice Louvet, elle a trouvé un nouvel emploi dans une école bordelaise et ne s'est plus fait remarquer par la suite. Éva n'est pas mariée, elle passait tellement de temps à travailler… Mais elle a une grande amie, Christine Latour, une autre avocate avait qui elle s'entend très bien. Les parents des Bornier ont environ 75 ans, et ils habitent sur Lyon. Ils étaient en voyage en Espagne, et ils ont pris le premier avion sur Saint-Exupéry. Ils doivent être arrivés à présent.
– D'accord. Lucie et Éva sont prévenues ?
C'est Mat qui répondit cette fois-là :
– On a réussi à joindre Lucie Aubry, mon capitaine. Elle a pris le train jusqu'à Lyon et sera sur les lieux dans une demi-heure. Par contre, impossible de contacter Éva Bornier. Elle ne répond pas sur son téléphone, et son appartement dans Lyon est vide. On a réussi à trouver Christine Latour, mais elle ne veut parler qu'à un responsable de l'enquête. Son cabinet d'avocat se trouve dans le quartier de la Croix-Rousse.
Alex hocha la tête et poursuivit :
– OK, récapitulons. Pour une raison mystérieuse, quelqu'un a tué Lily Bornier – une femme sans histoire – à l'aide d'une mise en scène tournée vers les papillons. A ses pieds, le squelette de Matthieu Lenoir. Deux ans auparavant, un procès pour viol confrontant ce Matthieu à son ancienne petite amie, Lucie Aubry, avait provoqué le suicide de l'homme. Or, l'avocate de Lucie n'était autre qu'Éva Bornier, la sœur jumelle de Lily. Tué probablement d'un coup de couteau pile dans le cœur, sans traces scientifiques à exploiter autre que des traces de pas qui montrent que le tueur a probablement les pieds plats. Meurtre prémédité et planifié avec soin. Hypothèses ?
Laura fronça les sourcils.
– Lily a pu être tuée pour faire souffrir sa sœur... Une vengeance assez tordue. Un proche de Matthieu ?
– Je vois mal sa mère faire le coup avec de l'arthrose et en fauteuil roulant…soupira Roxane.
Alex grommela :  
– Peu probable, en effet. Mais le squelette a peut être été posé pour une fausse piste. Nous n'avons pas assez d'éléments pour trancher… Et la disparition de l'avocate m'inquiète un peu.
– Qu'est-ce qu'on fait ? interrogea Maxime.
Le capitaine réfléchit puis ordonna :
– Luc, Mat, vous dirigez les recherches sur Éva Bornier. Je veux la retrouver le plus rapidement possible.
Les deux hommes hochèrent la tête. Alex continua :
– Maxime et Élodie, vous vous occupez des parents Bornier. Sarah et Laura, je vous laisse interroger Lucie Aubry dès qu'elle arrivera.
Nouveaux acquiescements.
– Roxane, la perquisition à l’appartement de Lily a dû se terminer, récupère tout ça et fouille le PC de la victime ainsi que les autres affaires.
– Ouaip Capt'ain, répondit la jeune femme en esquissant un salut militaire.
Alex leva les yeux au ciel, et conclut :
– Quant à moi, je vais aller voir cette Christine Latour. Envoyez moi un e-mail sur les tablettes quand vous avez du nouveau.
Les huit personnes réunies autour de la table détachèrent leur tablette, et quittèrent la salle. Alex fut le dernier à sortir, et il ferma la porte à clef derrière lui.
La toute première enquête de la Section Élite de l'OCCF pouvait commencer.


Dernière édition par Asha le Dim 5 Juin - 17:22, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Asha




Messages : 7
Date d'inscription : 16/12/2015

OCCF - Section Élite Empty
MessageSujet: Re: OCCF - Section Élite   OCCF - Section Élite EmptySam 4 Juin - 22:09

Chapitre 3


Maxime et Élodie prirent directement les escaliers, vers le rez-de-chaussée où ils attendaient les visiteurs. -> Ça ne veut rien dire non plus *paf* Si ils vont vers le rez-de-chaussée, ils attendaient pas owo Ils franchirent la porte du vestibule, puis tournèrent à gauche, et la jeune lieutenante ouvrit la porte derrière laquelle attendaient -> Répétitiooooooon *s'enfuit* Bénédicte et Mark Bornier.
Ils avaient pleuré. Leurs yeux étaient rougis, et les mains de M. Bornier tremblaient. Quant à Mme Bornier, son regard était perdu au loin, dans le vague. Quand les lieutenants franchirent la porte -> T'as écrit la même chose cinq lignes au-dessus, ses yeux se posèrent lestement sur eux, et elle sembla refaire surface.
C'est Élodie qui attaqua :
– Monsieur et Madame Bornier ? Toutes mes condoléances.
Mark Bornier releva légèrement la tête, puis soupira :
– Je n'arrive toujours pas à croire qu'elle… qu'elle soit morte. Je…
Il ne dit rien d'autre, envahi par l'émotion. La jeune femme poursuivit :
– Je sais que c'est difficile, mais nous allons devoir vous posez quelques questions, pour comprendre ce qui est arrivé à votre fille.
La vieille femme releva la tête, comme si cette information avait achevé de la faire émerger. Elle lâcha :
– Allez-y. Je veux que le meurtrier de ma fille soit arrêté.
Élodie et Maxime s'assirent. C'est l'ancienne lieutenante des stups qui mena l'interrogatoire, pendant que son collègue prenait des notes :
– Bon. Pour commencer, quand avez-vous parlé à votre fille pour la dernière fois ?
Bénédicte Bornier répondit :
– Vendredi soir. Cela fait… quatre jours ? Lily appelle toujours le vendredi soir. C'est une espèce de rituel. C'est compliqué de se voir, avec son boulot, et c'est une grande fille, du moins c'était…
Elle s'arrêta, les yeux embués, puis reprit :
– Oui, donc elle a appelé vendredi soir.
Elle semblait différente que d'habitude ? -> Euh pour moi ça se dit pas, "différente que d'habitude". Peut-être "par rapport à d'habitude" ? Nan, ça fait lourd ça... Soucieuse ? Pressée ?
– Non… Il ne me semble pas… Et toi, Mark ?
– Je ne crois pas… Oh mon Dieu, c'est trop horrible…
Élodie enchaîna :
– Je vois… Elle avait des problèmes, ces temps-ci ? Avec son travail ?
– Oh non, bredouilla le vieil homme. En tout cas, elle ne nous en avait pas parlé. Tout se passait si bien…
– Je sais que ça ne paraît pas très glorieux, comme boulot, rajouta Mme. Bornier. Mais Lily aimait ça. Elle n'a jamais été ambitieuse… Pas comme Éva. Elles ont un caractère si différent…
La lieutenante fronça les sourcils.
– Elles s'entendaient bien ?
– Éva et Lily ? Oh, oui ! Elles étaient très fusionnelles plus petites. Elles ont grandi, et leur chemin se sont séparés… -> Un sujet au singulier va avec un verbe au singulier et inversément Mais elles sont restées très proches. Mon Dieu, Éva doit être si bouleversée… Je n'ai pas réussi à l'avoir. Vous l'avez contactée ?
– Très proches, oui, je vois, éluda Élodie. Inutile de les inquiéter plus que ça. -> C'est pas clair si ça fait partie de ses paroles ou si non. Lily avait un compagnon ?
– Non, pas à ce qu'elle nous a dit… -> Ça me paraît bizarre, mais là je crois que c'est moi. soupira M.Bornier. Sur ce point là, elle est exactement comme sa sœur : boulot ! Mais si elle en avait un, elle a sûrement tout dit à sa meilleure amie, Isabelle.
– Savez-vous où nous pouvons la contacter ?
– Bien sûr… Isabelle Sicard. Elle travaille comme agent téléphonique dans une de ces boîtes… -> On dirait que sa phrase est pas finie alors que c'est toujours lui qui parle après, c'est bizarre OCCF - Section Élite 340680225 Voilà son numéro.
Maxime inscrivit le numéro sur son carnet, et Élodie reprit :
– Je sais que c'est difficile, mais… Est-ce que Lily avait des ennemis ?
Mme. Bornier ouvrit de grands yeux.
– Des ennemis ? Oh mais, non, je… Elle était si gentille, pas du genre à avoir des ennemis… Mais vous devriez parler à Isabelle. Elles savaient tout l'une de l'autre…
– Je vois. Une dernière chose. Est-ce que les noms de Lucie Aubry et Matthieu Lenoir vous disent quelque chose ?
C'est M. Bornier qui répondit :
– Je… je crois. Vous avez une photo ?
Maxime lui tendit sa tablette avec la photographie du couple. La vieille femme murmura :
– Oui… Bien sûr. Tu te souviens, Mark ? L'affaire d'Éva…
– Oui… répondit l'homme. Cette histoire l'avait tellement marquée…
Élodie se pencha en avant.
– Vous pouvez m'en dire plus ?
– Je me souviens qu'il y avait une histoire de viol. Ça, vous devez le savoir… Éva m'avait dit que son principal suspect s'était suicidé et au final révélé innocent. Elle n'en a laissé rien paraître, mais elle semblait très bouleversée. Je crois qu'elle se sentait coupable… Mais quel rapport avec Lily ?
A nouveau, la jeune femme évita la question.
– Vous souvenez-vous d'une autre affaire qui l'ai… heurté ?
Les deux parents froncèrent les sourcils. C'est encore une fois l'homme qui répondit :
– Je ne crois pas. C'était une femme très forte… Oui, c'est la seule fois qu'Éva m'a paru aussi touchée par l'un de ses dossiers.
L'interrogatoire n'apporta plus rien d'intéressant. Soit Lily ne disait rien à ses parents, soit elle était aussi innocente que ce qu'ils supposaient jusqu'à présent.
Maxime rédigea un e-mail succinct à l'attention du Cap'tain. A savoir : Les parents ne savent rien : pas d'ennemis, pas de soucis, pas de petit copain. Ils n'ont pas réussi à contacter Éva Bornier. Meilleure amie de Lily : Isabelle Sicard, agent téléphonique. On a le numéro de téléphone. Apparemment, les deux sœurs étaient très proches malgré leurs différences de caractères. Pour Éva, elle a été très choquée par l'affaire Aubry/Lenoir, apparemment le seul cas que les parents ont remarqué.
– Et voilà, soupira Élodie.
– Pas vraiment beaucoup d'informations. Tu en penses quoi ? demanda Maxime.
La lieutenante regarda à travers la porte les deux parents. -> Tournure étrange Bénédicte Bornier s'était remise à pleurer. Elle murmura :
– Il est encore tôt. Trop tôt pour des conclusions. Mais je sens qu'on va entrer dans une sale affaire…

~

Sarah était spécialiste en psychologie. Elle avait commencé des études dans ce domaine avant de se faire recruter par l'OCCF. Elle était excellente au jeu de deviner ce que pensait la personne en face d'elle. Pourtant, elle sut dès l'instant où elle vit Lucie Aubry que son cas serait très difficile à comprendre. Peut être Lucie ne savait-elle pas ce qu'elle pensait elle-même. Les mains posées sur la table devant elle, toute droite, son regard portait loin devant elle, et sûrement loin dans le temps, à une époque remontant à deux ans déjà…
Laura observait sa collègue et amie d'un œil interrogateur. Elle savait que la rouquine était très forte en psychologie, et elle l'avait déjà souvent vue en pleine concentration, ainsi. Elle devait déjà être en train de cerner Lucie. Le Cap'tain avait encore une fois touché juste en envoyant Sarah interroger l'ex de Matthieu.
Sentant la jeune psychologue en pleine concentration, Laura débuta l'interrogatoire :
– Bonjour, Mme Aubry. Comme vous le savez, nous devons vous poser quelques questions au sujet d'une nouvelle affaire certainement liée à la vôtre.
– Pourquoi ? murmura l'intéressée. Mon… agresseur a été retrouvé et condamné. Je préférerais clore cette histoire. J'ai tourné la page.
– Je sais, répondit Laura. Je ne veux pas rouvrir votre dossier. Seulement, un nouveau s'est rouvert ce matin… une affaire de meurtre.
La lieutenante tendit une photo de la victime à Lucie. Elle écarquilla les yeux.
– Éva Bornier ? Elle a été assassinée ?
Laura fit non de la tête.
– Pas Éva. Lily Bornier. Sa sœur jumelle – elles se ressemblent beaucoup.
– Je vois… Je ne veux pas paraître ingrate, mais quel rapport tout cela a-t-il avec moi ?
– Quels rapports entreteniez vous avec votre ancienne avocate ?
– Très cordiaux. Mais cela restait dans le domaine du professionnel.
– Elle ne vous a jamais confié des choses personnelles ? Ou que vous auriez entendu ?
– J'étais sa cliente ! Pas son amie ! Et qu'est-ce que c'est que toutes ces questions ? Je n'ai jamais eu affaire à cette Lily Bornier, et je n'ai plus revu Éva. Rien de tout ça n'a à voir avec moi. Je pars immédiatement.
Elle se leva. Et Sarah l’imita.
– Au contraire, Mme Aubry, asséna la rouquine. Tout cela a absolument tout à voir avec vous. Le squelette de Matthieu Lenoir a été retrouvé au pied du cadavre de Lily peu après que sa tombe ai été profanée.
Les épaules de l'intéressée s’affaissèrent, comme si la lieutenante lui avait donné un grand coup. Cette dernière poursuivit :
–  De plus, au vu de votre langage corporel – j'ai fait des études de psychologie – et le fait que vous appelez Maître Bornier par son prénom, je suis en mesure d'affirmer que vous venez de mentir effrontément à ma collègue quand elle vous a demandé quels rapports vous entreteniez avec votre ancienne avocate. Et l'on parle ici de meurtre, Mme Aubry. Si vous nous mentez à nouveau, je vous ferai inculper pour entrave à la justice. Alors rasseyez-vous, et dites nous toute la vérité.
Elle s’exécuta, et Sarah fit de même. A partir de cet instant, la rouquine prit les commandes de l'interrogatoire, pendant que Laura écoutait, médusée :
– Bien. Reprenons. Quels rapport entreteniez-vous exactement avec Éva Bornier ?
– Au début, très cordiaux et professionnels. Mais quand Matthieu s'est… quand il… après ça, elle m'a paru vraiment ébranlée. Alors je l'ai invitée à boire un verre, pour la rassurer. Elle m'a beaucoup parlé.
– De quoi ?
– Elle m'a dit que c'était la première fois qu'une des personnes qu'elle attaquait se suicidait. Elle se sentait un peu coupable. Après l'annonce de son innocence, ça a été encore pire. C'est une fille bien. Cette histoire lui a pesé très lourd.
– Et vous ? Vous vous sentiez coupable ?
Lucie ne répondit pas tout de suite. Elle finit par balbutier :
– Je… je ne sais pas trop. Tout est allé si vite…
Laura croisa le regard de Sarah, et cette dernière cligna des yeux. Elle comprit le message : la psychologue la croyait. Celle-ci continua :
– D'accord. Connaissez-vous également Lily Bornier ?
– Non. Je ne l'ai jamais vue. Éva m'en a un petit peu parlé… Elle l'aimait beaucoup. Du moins, elle en avait l'air.
– De quoi vous a-t-elle parlé d'autres ?
– Rien d'autre. A part deux ou trois discussions, on ne s'est quasiment jamais parlées… Je veux dire, comme des amies. Et puis elle ne pensait qu'à cette histoire… Je vous l'ai dit, elle…
– Vous mentez.
Blanc. A nouveau, Laura observa sa collègue, médusée. Celle-ci était concentrée au possible, et scrutait le moindre recoin du visage de l'interrogée, qui perdit toutes ses couleurs. Elle balbutia :
– Je ne veux pas… je ne veux pas vous mentir, mais… Éva m'a fait promettre…
– Promettre quoi ?
L'intéressée ne répondit rien. Sarah se pencha en avant et murmura :
– Vous n'avez pas l'air de m'avoir comprise, il y a quelques minutes. Si vous nous cachez quelque chose qui pourrait expliquer le meurtre de Lily Bornier, je vous fait arrêter. Je serais vous, je parlerais, et vite.
Lucie soupira. Et répondit :
– OK, OK… Écoutez. Je n'avais pas compris ce qu'elle voulait me dire, à cette époque, mais elle m'a dit… Elle m'a dit qu'elle avait peur qu'un jour cette histoire lui retombe dessus, et que si elle se trouvait en danger, il fallait « dire à une tour que les loups ont fini de hurler et que les tulipes ont remporté la bataille du solstice ».
– Qu'est-ce que cela signifie ?
– Je n'en sais rien ! Elle m'a juste dit de ne le répéter qu'à la police, et uniquement si j'avais confiance en eux…
– Ce n'était pas le cas ?
– Je ne savais pas… Ses paroles m'avaient déroutée. Et puis… J'ai peur pour elle. Je sais qu'elle s'est trompée, il y a deux ans, mais elle voulait seulement m'aider…
– Très bien. Une dernière chose : Matthieu avait-il des amis susceptibles de vouloir le venger ?
Lucie ouvrit de grands yeux effarés, mais n'osa pas contester la rouquine.
– N… Non. Il était du genre solitaire. Il avait deux ou trois amis, mais ils l'ont tous laissé tombé avec cette histoire… J'imagine que c'était un peu de mae faute.
– Merci pour tout, Mme Aubry. Restez disponible, on pourrait avoir besoin de vous recontacter.
– D'a… D'accord.
Les deux lieutenantes sortirent de la salle. Laura demanda :
– « dire à une tour que les loups ont fini de hurler et que les tulipes ont remporté la bataille du solstice »… On peut savoir ce que ça veut dire ?
– Aucune idée. Sans doute un mot de passe. À dire à cette « tour »…
– Une tour…
La jeune femme se plongea dans ses pensées. Tour… Cela lui disait quelque chose.
– Mais oui ! s'exclama-t-elle soudain. Ce n'est pas une tour, c'est Latour ! Christine Latour, la meilleure amie d'Éva Bornier !
Sarah se retourna brusquement vers sa collègue.
– Et le Cap'tain est allé la voir… Je lui envoie un message pour le prévenir. Bien joué, Laura !

~

Délicatement, Roxane ouvrit le PC de Lily Bornier. C'était un bel ordinateur, processeur I-5, propre, appartement nettoyé régulièrement par son propriétaire. Elle a dû économiser pas mal de temps pour se l'offrir, songea la jeune femme, sensible à tout ce qui touchait à l'informatique. La perquisition n'avait rien donné d'autre d'intéressant, et des agents s'occupaient de tout fouiller.
Le bureau était protégé par un mot de passe. La lieutenante l'ouvrit facilement à l'aide des moyens mis à disposition des membres de l'OCCF, et commença à fouiller le contenu de l'ordinateur.
Dans un dossier intitulé « travail », elle dénicha l'emploi du temps de l'aide aux devoirs, ses projets en cours, les informations sur la famille dont elle s'occupait ainsi que sur les cas qu'elle prenait en extra. Dans un autre, elle trouva de nombreuses photographies, qu'elle inspecta toutes. Dans la plupart, elle reconnut Lily Bornier, ainsi que sa sœur – le visage toujours plus austère – et une femme qu'elle identifia comme Isabelle Sicard, apparemment très proche de la victime. Le contenu d'un ordinateur normal, que tout le monde avait.
Roxane inspecta les dossiers un par un. C'était plus qu'une perquisition, c'était une entrée dans la vie privée d'une personne, pourtant cela ne la dérangeait pas. Elle n'avait jamais été très soucieuse de ce genre de détail.
La jeune femme ne trouva rien d'intéressant dans les fichiers. C'était ceux d'une « madame normale », pas d'une victime de meurtre, sans rien qui supposait que Lily avait des problèmes, des ennemis ou même un compagnon. En soupirant, Roxane se lança dans la fouille de l'historique, puis des e-mails. La lieutenante plissa les yeux. En plus de quelques e-mails pour le travail ou la famille, elle trouva de nombreuses conversations instantanées avec cette Isabelle Sicart – qui semblait de plus en plus être la meilleure amie de la victime – et sa sœur. Roxane remonta l'historique vers la mi-novembre d'il y a deux ans.
– Bingo, souffla-t-elle.
Le 16 novembre. Le lendemain du suicide de Matthieu. Elle ouvrit la conversation :

Eva – Lily ? Tu es là ?
Lily – Ouiiiii. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Eva – C'est pour mon procès en cours.
Lily – Celui dont tu refuses de parler ?
Eva – Tu sais bien que je n'en ai pas le droit…
Lily – Mais oui, t'inquiète. C'est quoi le problème ?
Eva – Celui que j'attaquais s'est suicidé.
Quelques secondes de blanc.
Lily – Oh mon Dieu…
Eva – Et c'est pas le pire.
Eva – Des preuves ont été retrouvées.
Lily – Ne me dis pas que…
Eva – Si. Il est innocent.
Lily – Eva…
Lily – Tu vas bien ?
Eva – Pas trop.
Eva – Je me sens coupable.
Lily – Ce n'est pas de ta faute.
Eva – Je le sais bien…
Lily – Tu veux que je vienne ?
Eva – Non, non, c'est bon.
Lily – Tu veux que j’apprenne tes textes de lois par cœur, que je m'achète une robe et que je prenne ta place ?
Eva – Lily !
Lily – Bah, pourquoi pas ?
Eva – Tu sais que je t'adore ?
Lily – T'as bu ?
Eva – Arrête de me faire rire !
Lily – Nan mais sinon, pour décuver, je sais faire…
Eva – Lily…
Eva – Tu sais comment je te présente à mes amis ?
Lily – Comme ton clone ?
Eva – Essaye un peu d'être sérieuse deux minutes !
Lily – OK, déballe…
Eva – Je leur dis que t'es un papillon.
Lily – Un papillon ?
Eva – Oui.
Eva – T'es légère et insouciante, tu te poses pas, tu te contentes de vivre ta vie comme elle vient, au jour le jour, et t'as bien raison.
Eva – J'aurais dû faire comme toi.
Lily – Dis pas n'importe quoi. T'es une fille en or, aussi. T'aides des gens à faire valoir leurs droits. Encore aujourd'hui, tu aides une cliente dans le besoin.
Eva – Mais cet homme… Il est mort par ma faute.
Lily – Mais non. Tu l'as attaqué, c'est vrai, mais c'était ton boulot. Si une erreur a été commise, c'est par la police, pas par toi.
Eva – …
Lily – Fait moi confiance. T'as réussi ta vie, aussi. D'une manière différente.
Eva – Je t'aime, Lily.
Lily – Moi aussi.
Eva – Il faut que j'y aille. Salut !
Lily – D'accord. Bisou !
Eva – Bisou !

Roxane fronça les sourcils.
Je leur dis que t'es un papillon.
La lieutenante saisit sa tablette et tapa un message rapidement.
Il fallait que le Cap'tain voie ça.

~

– Récapitulons. Son téléphone n'est pas traçable, on y a sûrement retiré la carte sim, sa voiture est sagement garée devant chez elle, son appartement est vide, aucune caméra de surveillance ne l'a repérée nulle part, elle n'a pas laissé de messages ni rien qui évoque qu'elle ai voulu partir ou se suicider ?
– Voilà, tu as plutôt bien résumé la situation, rétorqua Mat.
Luc se prit la tête entre les mains.
– Restons calme, souffla-t-il. Elle doit bien se trouver quelque part.
– Sûrement. La question est de savoir où.
Le lieutenant observa le décor de la pièce en effervescence. Quasiment tous les agents affectés à la Section Élite étaient en pleine concentration sur leurs ordinateurs.
Éva Bornier semblait avoir purement et simplement disparu de la circulation. Elle n'avait qu'une voiture officielle, une Citroën blanche, toujours devant son appartement totalement vidé. Il n'y restait plus rien : les tiroirs étaient vides, les placards aussi, et très bien nettoyé -> L'appartement ou les placards ?. L'avocate avait fait ses valises et avait filé. Mais où ? Ils ne l'avaient pas trouvée sur les images des caméras aux alentours de son appartement. Il n'y avait pas de location de voiture ou de quoi que ce soit à son nom. Son compte en banque était aussi vide que son appartement, la femme ayant retiré tous son contenu en liquide, en étalant tout cela sur une longue période. Cela faisait trois mois qu'elle préparait sa disparition, méthodiquement, calmement. Mais pour quoi ? Se sentait-elle en danger ?
Ou alors, pour une raison X ou Y, préparait-elle le meurtre de sa sœur ainsi que sa fuite ? Mais pour quel mobile ? Voilà autant de questions auxquelles il n'avait pas de réponse, et cela l'agaçait prodigieusement. Mat haussa les épaules et se dirigea vers un groupe d'agents qui travaillaient dans un coin. Et soudain, un appel, sec, lapidaire, mais tellement attendu.
– Luc, viens voir. On a quelque chose.
L'homme se détourna vivement et se précipita l'agent en chef qui pointait le doigt sur un écran. Une caméra située dans la rue devant le cabinet de Christine Latour, l'amie de l'avocate. Mat expliqua :
– Jusque là, elle a dû tourner le dos aux caméras de surveillance. Mais une nouvelle a été installée très récemment, et regarde…
Il désignait de son index une femme couverte d'un châle, qui marchait tête baissée. Cependant, elle releva la tête, et Luc reconnut les traits gracieux d'Éva Bornier, juste avant qu'elle ne se fonde dans la foule et entre dans le cabinet.
– Bien sûr, soupira la lieutenant. Elle s'est planquée avec l'aide de son amie.
– Ouais, acquiesça Mat. Et vu que le Cap'tain est allé la voir, tu ferais mieux de le prévenir… Du genre, maintenant. Il doit déjà être en train de l'interroger…

~

En fait, Alex n'était pas en train d'interroger Christine Latour.
Avant d'entrer, il avait fait quelques recherches sur le personnage. Et il sut immédiatement qu'il ne tirerait rien d'elle comme ça. Il lui fallait du concret, et seuls les membres de son équipe pourraient le lui rapporter. En attendant, il étudiait le dossier de la personne qu'il allait voir. Il ne devrait pas montrer la moindre faille, il le sentait.
Il reçut en tout premier un premier message de Luc juste après être parti.
"Éva a disparu. Elle a vidé son appartement et son compte en banque dans un espace de trois mois. -> Le "dans" me parait bizarre. Voiture garée devant, portable indétectable, pas d'image, que dalle pour l'instant. On est en train de la rechercher."
Il fronça les sourcils. Ainsi donc, Éva s'est planquée… Voilà un nouveau mystère qui se rajoutait à cette enquête.
Ensuite vint le message d'Élodie et de Maxime alors qu'il était encore en route. Les parents ne savaient rien. Au moins, le capitaine avait à présent la confirmation que l'affaire Aubry avait beaucoup choqué l'avocate.
Juste en arrivant devant le bâtiment, il reçut d'abord l'e-mail de Sarah et de Laura, et juste après, celui de Roxane et un nouveau de Luc. Il ouvrit le premier.
"Lucie ne sait rien pour un éventuel ami de Matthieu qui aurait voulu le venger. Par contre, elle a beaucoup parlé avec Éva. Elle a d'abord tenté de nous mentir, mais Sarah l'a percée à jour, et elle a fini par avouer qu'Éva lui avait confié que si elle avait des ennuis, il fallait dire à la police de « dire à une tour que les loups ont fini de hurler et que les tulipes ont remporté la bataille du solstice ». Je pense que « une tour » désigne Christine Latour, et que le reste est une espèce de mot de passe. Vous devriez essayer de lui dire ça."
Un mot de passe. Rien que ça. Alex siffla doucement. Il avait des recrues de choix. Il ouvrit l'e-mail de Roxane :
"Rien de très intéressant dans son ordi, elle discute beaucoup avec Isabelle Sicard (meilleure amie ?) et sa sœur. J'ai tout de même une conversation intéressante."
L'homme lut la conversation jusqu'au bout. La lieutenante avait rajouté une dernière note tout en bas :
"« Je leur dis que t'es un papillon ». Et Lily tuée et déguisée en papillon. Étrange coïncidence, n'est-ce pas ?"
D'abord le mot de passe, puis cette histoire de papillons. Étrange histoire. En tout cas, une chose était à présent sûr : Éva était liée à cette histoire jusqu'au bout. -> C'est bizarre, j'sais pas si ça veut dire grand-chose.
Ensuite, il ouvrit le dernier message de Luc :
"On a aperçu Éva Bornier sur une image de caméra de surveillance juste devant le cabinet de Christine Latour, ce matin. Elle entre. Son amie sait quelque chose. L'image est en pièce jointe."
Le capitaine ouvrit la pièce jointe, et reconnut sans peine le visage de celle qu'ils recherchaient. Luc et Mat aussi avaient bien travaillé.
Éva Bornier commence à préparer une disparition soudaine pendant trois mois. Elle vide minutieusement son compte en banque et son appartement, et pile quand sa sœur meurt mystérieusement assassinée, elle disparaît. Plus cette histoire de papillon. Même si il manquait encore le mobile, Éva commençait à devenir un suspect de choix. À présent, Alex avait assez d'éléments pour interroger Christine Latour. Il entra dans le cabinet.
La femme le reçut tranquillement. Elle ne semblait pas vraiment surprise. Son bureau était simple et neutre, pas vraiment décoré. Des murs lisses, un bureau simple, une pile de dossiers, un ordinateur, le tout parfaitement rangé.
– Asseyez-vous, commença-t-elle. Je vous sers quelque chose ?
– Non merci, répondit le capitaine en s'exécutant.
L'autre fit de même. L'homme débuta l'interrogatoire :
– Bien. Savez-vous pourquoi je suis ici ?
– Lily est morte. Je l'ai vu dans les journaux.
– Vous ne semblez pas très choquée.
– Je la connaissais à peine. J'ai vu bien pire, vous savez.
– Éva ne vous l'a jamais présentée ?
– Un peu, si, mais pas plus que ça. Nous ne vivions pas dans le même monde, avec cette pauvre fille.
– Que savez-vous des relations entre Éva et sa sœur ?
– Elles étaient très proches, mais Éva ne parlait pas beaucoup d'elle.
– Les noms de Lucie Aubry et Matthieu Lenoir vous évoquent-ils quelque chose ?
– Bien entendu. Une affaire qui tourne mal, ce n'est jamais très agréable, mais Éva était vraiment très choquée par cette histoire. Elle m'en a beaucoup parlé.
– Et vous, qu'en pensez vous ?
– L'erreur est à la police. Éva n'y était pour rien.
– Est-ce que vous cachez Éva Bornier, Maître ?
Elle tressaillit. Première joute remportée par Alex.
– Pourquoi insinuez-vous cela, capitaine ?
– Plusieurs éléments.
– Pourrais-je savoir lesquels ?
– Éva Bornier a disparu de la circulation. Et la dernière image que nous avons d'elle date de ce matin, alors qu'elle entrait dans votre cabinet.
– Il y a d'autres personnes qui travaillent dans ce bâtiment. Si Éva y est entrée, je suis désolée de vous informez que je l'ignore, et vous n'avez aucune preuve.
Sec. Deuxième joute pour elle. Cependant, l'homme avait encore une arme de rechange :
– Et si je vous dis que les loups ont fini de hurler et que les tulipes ont remporté la bataille du solstice, la mémoire vous reviendrait-elle ?
Aussitôt, l'avocate changea de comportement. De méprisante, elle passa à intéressée. Doucement, elle demanda :
– Comment avez-vous entendu cette phrase ?
– C'est moi qui pose les questions, Maître. Où est Éva ?
– Pourquoi tenez-vous à savoir où elle se trouve ?
– Elle a disparu mystérieusement le jour de la mort de sa sœur, sans explication, et semble préparer cette disparition depuis très longtemps. Si nous voulons savoir la vérité sur ce meurtre, nous devons l'interroger.
– Très bien.
L'avocate griffonna une adresse sur un morceau de papier. Elle avait une écriture ronde, agréable, régulière, parfaite. Elle tendit le papier au capitaine :
– Voilà l'endroit où elle se cache.
– Savez-vous pourquoi elle a décidé de se planquer ?
– Elle vous le dira. Moi, elle m'a seulement demandée de donner cette adresse à celui qui prononcerait la phrase.
Le dernier mot était une conclusion. Elle ne dirait plus rien. L'homme lut le papier. Saint-Étienne. Bien. Il se leva et conclut :
– Merci pour votre aide, Maître. Restez joignable.
– Comme vous voudrez, capitaine.
Ils se serrèrent la main et Alex quitta la pièce.
Une fois dans la rue, il prit son téléphone et composa le numéro de Roxane. Elle décrocha immédiatement :
– Oui ?
– Roxane, tu as bien grandi à Saint-Étienne ?
– Ouaip, avec Laura, pourquoi ?
– Ça te dis quelque chose, le « Manoir du Suicidé » ?
– Bien sûr ! C'est une maison en marge de la ville. Elle est gigantesque, et je ne vous parle pas du parc… Enfin bref, un vieux couple vivait à l'intérieur y a bien cinquante ans maintenant. Le vieux s'est suicidé dans le manoir, et sa femme est partie en le laissant à l'abandon. Depuis, quelques malins ont commencé à raconter qu'il était hanté pour X raisons…
– Comme d'habitude, quoi…
– Oui, sauf que figurez vous que beaucoup de gens y ont cru. Personne ne s'approchait plus du manoir, et personne n'a voulu l'acheter. Y a eu que des pauvres orphelins comme nous pour venir y jouer… Le parc est un vrai labyrinthe !
– Les gens ont vraiment cru à cette histoire ?
– Pas vraiment, non ! Mais les parents pensaient que y avait des gens louches dans les environs, et les enfants n'avaient pas le droit d'y jouer. Les responsables de l’orphelinat s'en foutaient un peu, alors on a pas eu de soucis…
Il y eu un blanc. Alex était toujours gêné quand Roxane évoquait aussi naturellement le fait que ses parents soient morts et qu'elle n'a jamais eu comme famille que Laura, voir Mat, même si ce dernier n'était pas orphelin. La jeune femme repris :
– Pourquoi ces questions ? Vous voulez l'acheter ?
– C'est ça, bien sûr. C'est là qu'Éva s'est planquée.
– Ça semble logique. Pour disparaître de la circulation, c'est le logement idéal. Sale, mais idéal.
– Tu peux me rejoindre devant chez Latour ?
– Oui, j'y serai dans un quart d'heure environ.

~
L'après-midi commençait à décliner. Dans quelques heures, le soleil serait couché. Subjugué, Alex observait le Manoir du Suicidé.
Maintenant qu'il se trouvait en face du bâtiment, il commençait à comprendre la réticence des habitants des alentours. La façade était totalement délabrée, recouverte de lierre, et le jardin envahi par les arbres et les herbes folles. La nature avait repris ses droits dans cette curieuse bâtisse, et seul un panneau « A vendre » attestait encore de la présence des hommes.
L'entrée était protégée par un épais portail en fer noir. Roxane s'avança et le poussa simplement. Il s'ouvrit dans un grincement.
– Cela fait longtemps que la serrure est totalement rouillée, expliqua-t-elle.
Les deux collègues s'avancèrent vers la porte à la peinture délavée qui, elle, possédait une serrure toute neuve que l'avocate avait dû se débrouiller pour faire poser -> C'est pas français ça malgré qu'elle ne soit pas la propriétaire du bâtiment.
Doucement, Alex frappa à la porte.
Une voix légèrement tremblante lui répondit :
– Qui êtes vous ?
L'homme répondit :
– Je suis le capitaine Alex Lacombe, et voilà le lieutenant Roxane Duhamel. Nous sommes de l'OCCF, Section Élite.
Tout en le disant, il tendit sa plaque devant le judas, et la jeune femme fit de même. La voix demanda :
– La phrase. Dites la phrase.
– « Dire à une tour que les loups ont fini de hurler et que les tulipes ont remporté la bataille du solstice ». C'est cela, la phrase ?
Elle ne répondit pas, mais la porte grinça et s'ouvrit.
Éva Bornier avait sale mine. Ses yeux rouges et gonflés d'avoir pleuré étaient couverts -> Pourquoi le verbe "couvrir" pour des cernes ? de cernes. Son teint était trop pâle, ses lèvres tremblotaient. Sa chevelure rousse était sale et emmêlée, ses vêtements sentaient mauvais. Elle murmura :
– Que me voulez-vous ?
– Vous parler de votre sœur…
– Ma sœur…
L'avocate ferma délicatement les yeux.
– Oui, ma sœur. Mais j'imagine que vous allez tout d'abord me demander de vous suivre ?
– C'est exact. Nous parlerons de tout ça au poste…

~

Éva Bornier semblait étrangement calme.
Le capitaine lui avait d'abord permis de prendre une douche et de se changer. Maintenant, elle était en salle d'interrogatoire, et elle semblait avoir repris des substances -> Des substances ???. Son corps était droit, ses yeux perdus dans le lointain, ses mains doucement posées sur le bureau. Elle avait effacé les traces de ses larmes, et elle ne semblait plus être la même femme que Roxane et Alex avait trouvé dans le Manoir du Suicidé. Le chef de la Section Élite l'observait déjà depuis quelques minutes, et il ne décelait aucune faille. Elle semblait avoir repris son attitude d'avocate.
– Alex ? Tu viens ?
Il se retourna. Il avait demandé à Élodie de venir l'interroger avec lui. Il aurait besoin d'une personne expérimentée pour faire céder leur seule suspecte.
L'intéressé hocha la tête et entra dans la pièce, suivi de la jeune femme. Ils s'assirent en face de la rouquine.
– Maître Bornier, commença l'homme. Je pense que vous avez beaucoup de chose à nous dire.
– J'imagine, capitaine. Alors, allons-y !
– Bien. Vous n'ignorez pas les circonstances de la mort de votre sœur.
– Assassinée à côté du squelette de Matthieu Lenoir. Si c'est de cela que vous voulez parler, alors oui, je le sais.
– Et déguisée en papillon, rajouta Élodie. Car c'est comme cela que vous la compariez, n'est-ce pas ?
L'avocate tressaillit.
– Je vois que vous êtes bien renseignés.
– Commençons par la question rituelle, si je puis dire, rétorqua l'homme. Où étiez vous hier soir, entre vingt heure et minuit ?
– C'est une accusation ?
– Une vérification.
– Avec Christine, on a bavardé. Il y a des caméras juste devant chez elle, vous pouvez vérifier.
– Je n'irai pas par quatre chemins, Maître, continua Alex. Pourquoi vouloir disparaître ? Et pourquoi spécifiquement le jour du meurtre de votre sœur ?
– Alors vous n'avez pas compris.
– Compris quoi ?
La femme planta ses yeux bleus dans ceux du capitaine. Ils avaient exactement la même teinte. Elle asséna :
– Ce n'est donc pas évident ? Cet espèce de jeu de piste, ce manoir paumé dans la banlieue de Saint-Étienne ? Je craignais pour ma vie !
Alex se redressa légèrement, soudainement intéressé. Il murmura :
– Que voulez vous dire ?
– Cela fait pas mal de temps que j'ai peur de mourir. Laissez moi vous raconter.
» Tout a commencé il y a six mois. J'ai commencé à recevoir des menaces, par téléphone, par écrit. Tout ces messages parlaient du procès d'il y a deux ans. Ils promettaient vengeance pour Matthieu Lenoir. Au début, je n'y ai pas prêté attention… Mais il y a trois mois, j'ai failli avoir un accident de la route. Une voiture qui m'a foncé dessus et que j'ai évité au dernier moment. Je n'avais pas de preuve, mais il était évident que le conducteur l'avait fait exprès.
» Il y a deux ans, j'avais déjà eu peur que ce procès me retombe dessus. J'avais mis au point une technique dans ce cas-là, et j'avais décidé de confier la phrase à Lucie. Il y a donc trois mois, j'ai décidé de mettre mon plan au point. Le but était de préparer une cachette au cas où les agressions deviennent répétitives -> devenaient ou deviendraient non ?, tout en laissant une possibilité de me retracer. J'ai expliqué à Christine l'histoire du mot de passe, et je lui ai donné mon adresse. J'ai commencé à préparer ma disparition.
– Mais pourquoi vouloir disparaître et ne pas tout simplement vous rendre au poste de police ?
– J'avais peur. Si jamais un agresseur se faisait trop violent, je me planquais quelques mois. Christine me préviens quand tout cela se calme, et je reviens. -> Passé puis présent. Ce n'était sûrement pas un bon plan… Mais j'étais vraiment effrayée. Et jamais… Jamais je n'aurais cru que celui ou celle qui m'en veut oserait… Oserait s'en prendre à ma sœur. Quand j'ai vu ça, j'ai paniqué et j'ai décidé de mettre mon plan à l'exécution.
– Mais pourquoi quelqu'un vous en aurait autant voulu pour ce procès ?
– Vous n'êtes donc pas au courant ?
Alex se pencha à nouveau en avant. Élodie inclina la tête et demanda :
– Au courant de quoi ?
– Le jeune qui s'est dénoncé. En vérité, il m'a confié avoir été menacé de mort. Et le policier qui a trouvé la vidéo de la boîte de nuit à détecté des flous suspects qui pourraient dire qu'elle a été trafiquée…
La jeune lieutenante murmura :
– Vous insinuez donc…
– C'est pourtant clair. Matthieu Lenoir a vraiment violé Lucie Aubry. Et pour une raison X ou Y, quelqu'un a caché des preuves.

~

– Mon capitaine ?
Alex venait de sortir de la salle d'interrogatoire quand un agent l'interpella.
– Qu'y a-t-il ?
– Le médecin légiste vous cherche partout, mon capitaine. Elle veut vous voir depuis cette après-midi.
L'homme grommela, puis soupira :
– Merci de m'avoir prévenu. Je m'y rends tout de suite.
L'agent s'éloigna. Alex se tourna vers Élodie :
– Qu'est-ce que t'en penses ?
– Je suis pas experte en psychologie, demande à Sarah. Mais cette histoire me semble louche. Elle n'a pas la moindre preuve !
– Et elle a refusé de nous dire quoique ce soit de supplémentaire. Je vais voir les scientifiques, préviens les autres qu'on se voit dans quelques minutes.
– OK. À plus.
~

Alice Codain s'agitait devant le corps nu de la victime.
– Vous voilà enfin ! soupira-t-elle. Bon, j'ai fini l'examen et l'autopsie, voilà le topo.
Elle montra l'entaille profonde bien visible au niveau du cœur.
– Pile au bon endroit. Celui qui a fait ça s'y connaissait. Un seul coup qui sectionne l'aorte, une mort rapide et irrémédiable. Le meurtrier a, comme je le pensais, enfilé le costume post-mortem. Pour l'heure de la mort, je ne serai pas plus précise qu'entre 20 h et minuit, comme je vous l'ai déjà dit.
– Elle a été abusée sexuellement ?
– Non. Elle n'est pas enceinte non plus. Cependant, elle a été droguée.
– Droguée ?
– Oui.
La légiste indiqua du doigt une trace de piqûre au niveau du bras gauche.
– Une drogue somnifère qui plonge rapidement dans le sommeil la personne atteinte pendant trois ou quatre heures. La victime n'était plus sous l'effet de la drogue quand elle a été tuée, mais elle devait être encore groggy – ce qui explique qu'elle ne se soit pas débattue. Je n'ai rien sous ses ongles, ni ailleurs. Votre tueur a été très prudent…
– Vous savez quand la drogue a été injectée ?
– J'ignore la quantité qui lui a été donnée, j'ai seulement des traces caractéristiques. Par contre, au vue du contenu de son estomac, elle n'avait pas mangé depuis quelques heures – je dirais avant 19h, en fin d'après-midi.
– Je vois. Vous n'avez rien d'autres à dire ?
– Je crains que non… Il va falloir que je ferme le labo.
– Et bien, merci pour l'autopsie !

~

Alex entra dans les bureaux de la Section Élite. Aussitôt, tous les yeux se tournèrent vers lui. Il annonça :
– J'ai vu avec la légiste. Elle a pas trouvé grand-chose. On se voit en salle de briefing demain matin à 9h pour faire le point.
Les lieutenants acquiescèrent et rassemblèrent leurs affaires.
Ils venaient d'achever leur première journée d'enquête pour la solde de l'OCCF.
Revenir en haut Aller en bas
Asha




Messages : 7
Date d'inscription : 16/12/2015

OCCF - Section Élite Empty
MessageSujet: Re: OCCF - Section Élite   OCCF - Section Élite EmptyMar 7 Juin - 21:30

Chapitre 4

Alex sortait du bâtiment de l'OCCF quand il aperçut Roxane qui s'éloignait. Il la rattrapa juste avant qu'elle ne monte dans sa voiture :
– T'as prévu quelque chose, ce soir ?
Pathétique, comme entrée en matière. La jeune femme fronça les sourcils, ne comprenant pas les intentions de son supérieur. L'homme se rattrapa :
– Je veux dire… Tu comptes aller quelque part, manger avec quelqu'un, ou…
Pas vraiment mieux. Les sourcils toujours froncés, Roxane répondit :
– Non, pourquoi ?
Alex retint un soupir de soulagement, puis continua :
– Et bien… Ça te dirais d'aller au restaurant avec moi ?
Voyant la lieutenante ouvrir de grands yeux, il se rattrapa maladroitement :
– Je veux dire, pour parler de ta première journée. Faire le point…
Et Roxane comprit.
Il me drague.
Sérieusement ?
Elle s'était attendue à beaucoup de choses de son nouveau travail. Bien sûr, elle avait déjà entendu parler d'Alex Lacombe, célèbre pour ses anciennes enquêtes, et que les instructeurs de l'AT utilisaient sans cesse comme exemple. A vrai dire, l'idée de travailler avec lui l'avait tout d'abord intimidée, elle qui n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Elle avait imaginé beaucoup de réactions de la part du capitaine, qu'il soit méprisant, gentils, froid, sévère, qu'il se comporte comme un mentor… Beaucoup de choses, en faite. Mais sûrement pas qu'il commencerait à la draguer.
Il est amoureux de moi ?
Était-ce si désagréable ? Le capitaine était plutôt séduisant. Des cheveux blonds, des yeux bleus, musclé, fort, vraiment sexy et attirant. Mais… c'était soudain. Vraiment soudain, et elle ne s'y attendait pas. Elle répondit d'une voix innocente :
– Je vois, oui, bien sûr. Je vais chercher les autres, pour... ?
– De quoi ?
– Et bien, si vous voulez faire le point…
Son visage se décomposa soudainement. Il bafouilla :
– Non, mais je voulais dire…
Roxane rit.
– C'est bon, mon capitaine. Je vous fait marcher. Bon, on y va ?

~

Alex versa un peu de vin dans le verre de sa collègue.
Il s'était toujours dit qu'il ne mélangerait pas vie personnelles et travail. Mais il n'avait plus aucune vie personnelle. Il avait coupé les ponts avec ses parents depuis longtemps, qui voyaient la police d'un mauvais œil. Il reparlait parfois à sa sœur, Sandra, mais assez rarement. Il avait eu quelques relations, mais rien de sérieux, et son nouveau boulot à l'OCCF lui prenait encore plus de temps que son ancien poste de lieutenant à la gendarmerie. A vrai dire, ils n'avait jamais vraiment pensé à trouver l'amour. C'était pour les autres, ceux qui avaient le temps, ceux qui avaient une vie sociale. Lui, il n'aimait personne, et vu les complications que l'amour cause aux autres, cela ne le gênait pas tant que ça.
Et puis, voilà que la Section Élite avait été formée. Et il avait rencontré Roxane. Elle n'était pas la plus jolie de toutes. Laura était plus élégante, et Sarah était une vraie bombe. Cependant, l'experte en informatique avait quelque chose de… différent. Elle était naturelle, ne cherchait pas à se rendre plus qu'elle ne l'était vraiment, à adoucir ses cheveux rêches, à faire ressortir ses yeux. Elle ne se maquillait même pas. Il aimait son visage simple, sans artifice, sans rien pour le masquer. Et puis, son caractère… Dans l'équipe, tout le monde le respectait beaucoup, en temps que supérieur hiérarchique et flic bien plus expérimenté. Maxime et Luc le considéraient même parfois comme un héros, à cause de leur passé. Même Élodie, son amie depuis longtemps, le voyait ainsi.
Mais Roxane n'était pas comme ça. Passé le tout début, elle avait laissé de côté la presque révérence que lui témoignait les autres pour se comporter normalement avec lui. Et son normalement, c'était « je te taquine », « je te dis franchement tout ce que je pense parce que j'ai pas peur de toi ». Elle ne se sentait pas obligée d'être coincée avec lui, et était au contraire plus naturelle que jamais. Et Dieu sait qu'il aimait ce genre de comportement chez une femme.
Le restaurant n'était pas très chic, mais était plutôt bien fréquenté. Les nappes étaient blanches et propres, les serveurs impeccables dans leurs costumes, la lumière tamisée donnait une ambiance particulière à la salle. La nourriture y était bonne, et le vin excellent. Un bon endroit pour un premier rendez-vous, songea-t-il.
Alex décida d'engager la discutions :
– Donc, tout se passe bien pour l'instant ? Pas de problème ?
Roxane eut un petit sourire et rétorqua :
– Non. Vous savez, je ne suis pas facilement impressionnable.
– J'ai pu remarquer. Mais le premier meurtre n'est jamais facile. La vue du corps, les histoires sales.
– J'ai l'habitude des histoires sales. Et pour ce qui est des corps… J'en ai déjà vu aussi.
Alex leva un sourcil, mais l'autre ne compléta pas.
Il savait que les parents de la jeune femme était morts quand elle avait seulement quatre ans. Le reste était assez flou, et elle n'en avait jamais parlé. Tout ce qu'elle disait, c'était que Laura qu'elle avait connu à l'orphelinat dés cette époque était l'équivalent de sa famille, et qu'elle n'avait pas besoin d'une autre, une vraie, même si il la soupçonnait de vouloir se montrer plus forte qu'elle ne l'était vraiment.
Mais aujourd'hui, Alex avait envie de savoir. Il s'intéressait vraiment à cette femme, et il ne pouvait se rapprocher d'elle sans la connaître. Il constata :
– Tu n'aimes pas parler de ton passé.
Elle l'observa un instant, puis répondit :
– Non.
– Pourquoi ?
– Mon passé est sale. Et triste. Le genre à faire soupirer les gens, à se récolter des « Oh, je suis désolé », et de la pitié. Et je ne veux pas qu'on ai pitié de moi. De toute manière, je ne me souviens pas de grand-chose.
L'homme plissa ses yeux bleus perçants. Il n'était pas un expert en psychologie, mais était assez expérimenté pour savoir une chose : il n'était pas apte à deviner à l’instinct quand son interlocuteur lui mentait, comme la plupart des gens. Il savait aussi que ceux qui affirmaient le contraire étaient ceux qui se trompaient le plus. Cependant, cette fois-ci, il était flagrant qu'elle ne disait pas tout. D'ailleurs, elle sembla s'en rendre compte, car elle enchaîna :
– D'ailleurs, je ne suis pas la seule à ne pas en parler. Laura et Mat n'ont jamais raconté leur histoire à personne sauf à moi. Luc et Élodie évite le sujet de leurs parents. Sarah se contente d'éluder les questions, et Maxime fait de même. Vous le premier, vous n'avez jamais dit à personne pourquoi vous vous êtes retrouvé tout seul.
Alex sourit. Décidément, Roxane lui plaisait vraiment. Il répondit :
– Je n'ai rien à cacher.
– Moi non plus. Seulement, personne ne veut en parler.
Le capitaine comprit qu'il ne tirerait rien de la jeune femme de cette façon. Puis il eut une autre idée.
– Et si on jouait à un jeu ?
– Un… jeu ?
– Oui. Tu me poses une question, je te donne une réponse honnête. Et puis c'est à toi. Comme ça j'en apprends sur toi, et toi sur moi. Ça te va ?
La jeune femme leva les sourcils puis répondit :
– Et bien… D'accord.
– Tu commences.
La lieutenant se mordilla la lèvre inférieure, en pleine réflexion. A vrai dire, l'idée qu'elle allait entrer, même brièvement, dans la vie de son supérieur lui était assez étrange. De plus, elle ne comprenait pas ce que l'autre cherchait avec cette histoire de restaurant et de questions. Enfin bon… Au moins, elle tenait une occasion d'en apprendre plus sur lui, et elle ne refusait jamais ce genre d'opportunité. Au final, elle demanda :
– Qu'est-ce qu'il s'est passé avec votre famille pour que vous vous retrouviez seul ?
Il cligna des yeux. Apparemment, il n'était pas aussi à l'aise qu'il voulait bien le montrer dans son « jeu ». Il répondit :
– Mes parents n'aimaient pas la police. Le genre de gens à aller jeter des pavés sur les flics pendant les manifestations… Alors quand j'ai décidé de rentrer dans la gendarmerie, c'est mal passé. On a coupé les ponts.
Roxane prit le temps d'assimiler cette réponse, puis Alex demanda :
– Comment tes parents sont-ils morts ?
Elle se crispa. L'homme rappela :
– On avait dit une réponse honnête… C'est ton tour, à présent.
– Je sais. C'est juste que ce n'est pas le genre de chose dont on aime parler.
Elle soupira, puis poursuivis :
– Mon père était bipolaire. Les traitements semblaient apaiser ses… sautes d'humeur, mais un jour, pour je ne sais quelle raison, il a cédé. Il a violé et poignardé ma mère, sous mes yeux. Puis il s'est suicidé avec ce même couteau. Je…
Elle s'arrêta. Un flash. Encore.
Sa main serrait sa taille, l'autre était posée contre sa bouche.
– Roxane… Ne dis rien, Roxane.
La terreur emplissait ses yeux. Le hurlement de sa mère lui vrilla les oreilles. Le liquide rouge tâchait le sol, comme une bête rampante, une bête de cauchemars...
– Ne bouge pas, Roxane, il n'est plus lui, ce n'est plus notre père…
Le sang coulait, encore et encore, et lentement atteignait le placard où ils s'étaient enfermés…
La jeune femme émergea soudain. Il arrivait parfois que ses souvenirs soient trop forts et la submergent de nouveau. C'est aussi pour cela qu'elle préférait ne pas trop s'attarder sur son passé. Elle reprit contenance et continua :
– A moi à présent. Vous avez des frères et sœurs ?
Le capitaine s'était douté que l'autre n'avait pas une histoire très nette, cependant la réponse l'avait déstabilisée. Entre « mes parents sont morts » et « mon père fou a violé et tué ma mère avant de se suicider », il y avait un monde. Cependant, il répondit rapidement à la question de sa subordonnée :
– Une sœur, Sandra. On se parle un peu, mais elle est très occupée, et moi aussi, donc c'est compliqué de se voir. Et toi ? Tu as des frères et sœurs ?
– J'ai un grand-frère, Kevin, qui a neuf ans de plus que moi. Il a été adopté par une famille guadeloupéenne après la mort de nos parents. Et… J'avais une sœur. Suzanne. Elle est morte à douze ans. J'en avais seize.
Alex ne mit pas longtemps à faire le calcul. Suzanne devait être née quand Roxane avait quatre ans, c'est à dire l'année de l'assassinat de leur mère. La jeune femme enchaîna avec une nouvelle question :
– Avez vous déjà été marié ou fiancé ?
– Non. En faite, je n'ai jamais eu de relation sérieuse avec qui que ce soit. De quoi est morte Suzanne ?
La lieutenante tressaillit.
– De maladie.
C'était la réponse la plus simple. Cependant, elle se sentit obligée de préciser :
– Elle avait besoin de moelle osseuse. J'ai donné la mienne, mais il fallait un autre donneur, et puis… Les médecins ont fait ce qu'ils ont pu. Mais elle est morte. Vous connaissiez Élodie et Luc avant de les recruter. Comment vous les avez rencontré ?
Il soupira, bien dit :
– Et bien… J'ai rencontré Élodie et Luc lors d'une enquête sur le corps d'assassins d'un groupe de trafiquants de drogue marseillais sur lequel Élodie travaillait. On est devenus amis, et elle m'a présenté Luc, son petit frère. Tu as un compagnon ?
Roxane eut un petit rire. Enfin il rentrait dans le vif du sujet.
– Non. Est-ce que vous êtes en train de me draguer ?
L'intéressé rit également.
– Je crois que tu connais la réponse…

~
Sarah soupira. Non… songea-t-elle encore une fois. Ce n'est pas une bonne idée. Ce n'est vraiment pas une bonne idée…
Ses doigts saisissaient et relâchaient successivement son téléphone portable. Elle devait résister à la tentation. Ne pas le faire. Ne pas le faire. Ne pas le faire…
Oh, et puis zut. Au pire, elle n'avait rien à perde. La rouquine déverrouilla le portable, soudain fébrile, les doigts tremblotants légèrement. Tremblements compulsifs, hésitations, sentiments d'impatiente, de peur et de bonheur à la fois en songeant à une personne… Elle tenta d'oublier ses cours. Ce syndrome là n'était pas bon à diagnostiquer. Pas bon du tout… Elle tapa tant bien que mal :
« Salut. Ça te dis d'aller au resto demain ? :-) »
Elle n'aurait pas pu faire plus pathétique. Mais bon. C'était mieux que rien…
Espérons que le destinataire réponde. Espérons…

~

Élodie sentit son téléphone vibrer. Elle lut le texto qui s'affichait. Sarah. Elle soupira. Voilà que ses espoirs et ses craintes se réalisaient.
Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas sa collègue rousse. Au contraire, elle était irrémédiablement attirée par elle, et aimerait apprendre à la connaître. Mais elle avait peur. Peur d'aimer à nouveau. La dernière fois…
Ne pas y penser. Oublier. Élodie répondit :
« Ouaip, pourquoi pas ! Tu réserves où ? »

~

La voiture d'Alex roula dans l'allée et se gara dans un crissement de pneus. Roxane ouvrit la portière passager et sortit de l'habitacle. Pour sa plus grande joie, le capitaine fit de même. Malgré le tour étrange qu'avais prit leur conversation au restaurant, elle avait beaucoup apprécié sa compagnie.
– C'est ici que tu habites… murmura l'homme, impressionné. Comme tu es arrivée à te payer la maison ?
– Je l'ai héritée de mes parents. C'était leur… résidence secondaire. J'ai vendu l'autre, mais je n'ai aucun souvenir de celle-ci, alors je l'ai conservée. Comme c'était un peu grand pour moi toute seule, Laura est venue en collocation avec moi.
– Elle… habite ici aussi ?
La jeune femme eut un nouveau sourire.
– Elle reste dans sa chambre le soir. Moi aussi. On a l'habitude, vous savez, on a habité dans une petite chambre d'internat toutes les deux pendant environ quatorze ans…
Il hocha la tête et fit volte-face pour retourner à sa voiture. Déçue, elle n'en laissait rien paraître, et, lentement, la jeune femme s'avança vers sa maison.
– Roxane !
Un appel, bref, net. Doucement, elle se retourna. Alex marchait vers elle.
Pendant un instant, ils restèrent l'un en face de l'autre, sans bouger, sans oser faire le moindre mouvement. Puis, fermant les yeux, le capitaine posa ses lèvres sur celles de la lieutenante.
Roxane, surprise, resta immobile quelques instants, puis, dans un sursaut, lui rendit passionnément son baiser.
Ce fut comme une tornade, un ouragan, quelque chose de si puissant qu'il dévasta tout en elle. Une tempête venait d'éclater dans son cœur, une de ces tempêtes que l'on ne peut arrêter avant qu'elle ait tout ravagé. Ses sentiments volaient un peu de partout, sans cohérence, dans le chaos le plus complet, sans qu'elle ne puisse les retenir. Le feu de ce baiser était en train de brûler nombre de ces certitudes, mais elle le laissait faire. Plus rien d'autres ne comptait que lui, elle, maintenant, seuls, avec les étoiles et la nuit comme compagnes.
On s'envolera du même quai,
Les yeux dans les mêmes reflets,
Pour cette vie et celle d'après,
Tu seras mon unique projet…
C'est fou ce que Francis Cabrel arrivait à mettre des mots sur cette spirale d'émotion, cette passion incontrôlable, douce et douloureuse à la fois. La jeune femme avait déjà embrassé des hommes, mais jamais aucun baiser ne lui avait fait autant d'effet. C'était beau et atroce, c'était source de bonheur et de malheur à la fois. C'était un amour sauvage, un amour de grands sentiments, de grandes émotions. Et, en cet instant, c'était ce qu'elle voulait. Elle voulait le sauvage, elle voulait le chaos, elle voulait la douleur, elle voulait l'aventure.
Elle voulait Alex.
Et seule la lumière pourrait,
Défaire nos reperds secrets,
Ou mes doigts pris sur tes poignets,
Je t'aimais, je t'aime, et je t'aimerai…
Enfin elle comprenait ce que Cabrel avait voulu dire. Maintenant, à cet instant, elle comprit tout.
Les mains d'Alex descendaient, suivaient les courbes de ses hanches, de son dos. Puis, lentement, ils se détachèrent. Il plongea son regard dans celui de l'autre. Leurs mains se desserrèrent. La jeune femme se retourna et s'avança à nouveau vers sa maison, l'âme remplit d'espoir.
Roxane tenta de ne pas trop écouter les battements de son cœur qui semblaient s'accentuer à chaque pas d'Alex. Elle réalisa qu'il voulait qu'il entre, qu'il la suive dans sa chambre, et que… Bon sang ce qu'il pouvait être beau gosse, tout de même. Surtout avec ses yeux, si bleus, si perçants, qui semblaient tout savoir, tout deviner. Dehors, il faisait tout noir, les étoiles éclairaient à peine la nuit qui avait lentement envahi l'air, la terre, l'eau, le monde tout entier. La lune était pâle, et seule une petite lampe sur le devant de la porte mettait un peu de lumière dans le soir d'encre. Pourtant, elle avait la sensation que le capitaine pouvait tout voir, malgré l'obscurité, malgré la quasi absence d'éclairage.
Doucement, la lieutenante ouvrit la porte qui grinça légèrement.
Dés le hall d'entrée, Alex comprit que les parents de la jeune femme étaient assez aisés. Déjà, pour avoir deux maisons, il fallait un bon compte en banque. Mais de plus, la maison avait de grands volumes, avec une décoration très moderne. Les murs étaient peints en blanc et gris, et les meubles lisses et vernis, propres et bien rangés. C'était beau, c'était grand, cela faisait se sentir bien, parfait, et seul. Désespérément seul, écrasé par toute cette décoration, cette perfection, ces choses si bien rangées et bien à leur place. Aussitôt, il comprit pourquoi sa subordonnée avait pris Laura en colocation. A deux, elles devaient moins souffrir de la solitude, qui de toute manière était leur quotidien. Roxane monta les escaliers et entra dans une chambre qu'il supposa être la sienne. Il hésita. Jusqu'ici, il n'avait pas beaucoup réfléchi à ce qu'il faisait, il s'était contenté de suivre son instinct. Mais il n'avait pas pensé à la suite. Si il suivait l'autre dans sa chambre, ce serait un geste définitif. Et en avait-il seulement le droit ? Il était le supérieur hiérarchique direct de la jeune femme. Les règlements de l'OCCF n'étaient pas clairement définis sur ce genre de choses, mais il se doutait qu'il y aurait un problème si quelqu'un l'apprenait.
Puis il repensa à Roxane, à ses cheveux bruns un peu rêches, à ses yeux, à son visage. Elle n'était pas belle, pas autant que les autres. Pourtant, il y avait une telle force qui se dégageait d'elle, cette puissance qui lui permettait de tenir, de ne pas se briser, de survivre à son passé, à ses blessures. Cette « chose » spéciale qui l'habitait et la guidait, lui donnant son côté rebelle, son naturel, tout ce qu'il aimait chez elle.
Il savait qu'il n'y aurait pas deux filles comme elle.
La jeune femme n'entendit pas les pas de son supérieur. Aussitôt, une inquiétude sourde se répandit en elle. Et si Alex la rejetait, au final ? Et si l'attention qu'il lui avait porté avait été purement innocente et qu'il avait seulement un peu « dévié » de son chemin en l'embrassant ? A présent, elle comprenait que cela la dérangerait. Elle voulait qu'il monte, qu'il la rejoigne. Elle voulait qu'il vienne…
Soudain, la porte s'ouvrit. L'homme entra, une lueur brillant dans ses yeux. Puis il se jeta sur elle, et de nouveau, ils s'embrassèrent.
Ce fut exactement la même chose que la première fois. Les mêmes sensations, la même impression de murs écroulés, de bonheur et de douleur, de ce brasier d'émotions, cette tornade si violente et si douce à la fois. Il était venu. Il était entré dans la chambre. Il la désirait autant qu'elle le désirait.
Doucement, les mains d'Alex se saisirent du haut de Roxane, et les deux amants tombèrent ensemble sur le lit.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





OCCF - Section Élite Empty
MessageSujet: Re: OCCF - Section Élite   OCCF - Section Élite Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
OCCF - Section Élite
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Arlawoud - La Terre des Loups :: Hors-RPG :: Flood :: Fans Fictions-
Sauter vers: