Chapitre 3
Maxime et Élodie prirent directement les escaliers, vers le rez-de-chaussée où ils attendaient les visiteurs. -> Ça ne veut rien dire non plus *paf* Si ils vont vers le rez-de-chaussée, ils attendaient pas owo Ils franchirent la porte du vestibule, puis tournèrent à gauche, et la jeune lieutenante ouvrit la porte derrière laquelle
attendaient -> Répétitiooooooon *s'enfuit* Bénédicte et Mark Bornier.
Ils avaient pleuré. Leurs yeux étaient rougis, et les mains de M. Bornier tremblaient. Quant à Mme Bornier, son regard était perdu au loin, dans le vague. Quand les lieutenants
franchirent la porte -> T'as écrit la même chose cinq lignes au-dessus, ses yeux se posèrent lestement sur eux, et elle sembla refaire surface.
C'est Élodie qui attaqua :
– Monsieur et Madame Bornier ? Toutes mes condoléances.
Mark Bornier releva légèrement la tête, puis soupira :
– Je n'arrive toujours pas à croire qu'elle… qu'elle soit morte. Je…
Il ne dit rien d'autre, envahi par l'émotion. La jeune femme poursuivit :
– Je sais que c'est difficile, mais nous allons devoir vous posez quelques questions, pour comprendre ce qui est arrivé à votre fille.
La vieille femme releva la tête, comme si cette information avait achevé de la faire émerger. Elle lâcha :
– Allez-y. Je veux que le meurtrier de ma fille soit arrêté.
Élodie et Maxime s'assirent. C'est l'ancienne lieutenante des stups qui mena l'interrogatoire, pendant que son collègue prenait des notes :
– Bon. Pour commencer, quand avez-vous parlé à votre fille pour la dernière fois ?
Bénédicte Bornier répondit :
– Vendredi soir. Cela fait… quatre jours ? Lily appelle toujours le vendredi soir. C'est une espèce de rituel. C'est compliqué de se voir, avec son boulot, et c'est une grande fille, du moins c'était…
Elle s'arrêta, les yeux embués, puis reprit :
– Oui, donc elle a appelé vendredi soir.
–
Elle semblait différente que d'habitude ? -> Euh pour moi ça se dit pas, "différente que d'habitude". Peut-être "par rapport à d'habitude" ? Nan, ça fait lourd ça... Soucieuse ? Pressée ?
– Non… Il ne me semble pas… Et toi, Mark ?
– Je ne crois pas… Oh mon Dieu, c'est trop horrible…
Élodie enchaîna :
– Je vois… Elle avait des problèmes, ces temps-ci ? Avec son travail ?
– Oh non, bredouilla le vieil homme. En tout cas, elle ne nous en avait pas parlé. Tout se passait si bien…
– Je sais que ça ne paraît pas très glorieux, comme boulot, rajouta Mme. Bornier. Mais Lily aimait ça. Elle n'a jamais été ambitieuse… Pas comme Éva. Elles ont un caractère si différent…
La lieutenante fronça les sourcils.
– Elles s'entendaient bien ?
– Éva et Lily ? Oh, oui ! Elles étaient très fusionnelles plus petites. Elles ont grandi,
et leur chemin se sont séparés… -> Un sujet au singulier va avec un verbe au singulier et inversément Mais elles sont restées très proches. Mon Dieu, Éva doit être si bouleversée… Je n'ai pas réussi à l'avoir. Vous l'avez contactée ?
– Très proches, oui, je vois, éluda Élodie.
Inutile de les inquiéter plus que ça. -> C'est pas clair si ça fait partie de ses paroles ou si non. Lily avait un compagnon ?
– Non,
pas à ce qu'elle nous a dit… -> Ça me paraît bizarre, mais là je crois que c'est moi. soupira M.Bornier. Sur ce point là, elle est exactement comme sa sœur : boulot ! Mais si elle en avait un, elle a sûrement tout dit à sa meilleure amie, Isabelle.
– Savez-vous où nous pouvons la contacter ?
– Bien sûr… Isabelle Sicard. Elle travaille comme agent téléphonique
dans une de ces boîtes… -> On dirait que sa phrase est pas finie alors que c'est toujours lui qui parle après, c'est bizarre Voilà son numéro.
Maxime inscrivit le numéro sur son carnet, et Élodie reprit :
– Je sais que c'est difficile, mais… Est-ce que Lily avait des ennemis ?
Mme. Bornier ouvrit de grands yeux.
– Des ennemis ? Oh mais, non, je… Elle était si gentille, pas du genre à avoir des ennemis… Mais vous devriez parler à Isabelle. Elles savaient tout l'une de l'autre…
– Je vois. Une dernière chose. Est-ce que les noms de Lucie Aubry et Matthieu Lenoir vous disent quelque chose ?
C'est M. Bornier qui répondit :
– Je… je crois. Vous avez une photo ?
Maxime lui tendit sa tablette avec la photographie du couple. La vieille femme murmura :
– Oui… Bien sûr. Tu te souviens, Mark ? L'affaire d'Éva…
– Oui… répondit l'homme. Cette histoire l'avait tellement marquée…
Élodie se pencha en avant.
– Vous pouvez m'en dire plus ?
– Je me souviens qu'il y avait une histoire de viol. Ça, vous devez le savoir… Éva m'avait dit que son principal suspect s'était suicidé et au final révélé innocent. Elle n'en a laissé rien paraître, mais elle semblait très bouleversée. Je crois qu'elle se sentait coupable… Mais quel rapport avec Lily ?
A nouveau, la jeune femme évita la question.
– Vous souvenez-vous d'une autre affaire qui l'ai… heurté ?
Les deux parents froncèrent les sourcils. C'est encore une fois l'homme qui répondit :
– Je ne crois pas. C'était une femme très forte… Oui, c'est la seule fois qu'Éva m'a paru aussi touchée par l'un de ses dossiers.
L'interrogatoire n'apporta plus rien d'intéressant. Soit Lily ne disait rien à ses parents, soit elle était aussi innocente que ce qu'ils supposaient jusqu'à présent.
Maxime rédigea un e-mail succinct à l'attention du Cap'tain. A savoir : Les parents ne savent rien : pas d'ennemis, pas de soucis, pas de petit copain. Ils n'ont pas réussi à contacter Éva Bornier. Meilleure amie de Lily : Isabelle Sicard, agent téléphonique. On a le numéro de téléphone. Apparemment, les deux sœurs étaient très proches malgré leurs différences de caractères. Pour Éva, elle a été très choquée par l'affaire Aubry/Lenoir, apparemment le seul cas que les parents ont remarqué.
– Et voilà, soupira Élodie.
– Pas vraiment beaucoup d'informations. Tu en penses quoi ? demanda Maxime.
La lieutenante regarda à travers la porte les deux parents. -> Tournure étrange Bénédicte Bornier s'était remise à pleurer. Elle murmura :
– Il est encore tôt. Trop tôt pour des conclusions. Mais je sens qu'on va entrer dans une sale affaire…
~
Sarah était spécialiste en psychologie. Elle avait commencé des études dans ce domaine avant de se faire recruter par l'OCCF. Elle était excellente au jeu de deviner ce que pensait la personne en face d'elle. Pourtant, elle sut dès l'instant où elle vit Lucie Aubry que son cas serait très difficile à comprendre. Peut être Lucie ne savait-elle pas ce qu'elle pensait elle-même. Les mains posées sur la table devant elle, toute droite, son regard portait loin devant elle, et sûrement loin dans le temps, à une époque remontant à deux ans déjà…
Laura observait sa collègue et amie d'un œil interrogateur. Elle savait que la rouquine était très forte en psychologie, et elle l'avait déjà souvent vue en pleine concentration, ainsi. Elle devait déjà être en train de cerner Lucie. Le Cap'tain avait encore une fois touché juste en envoyant Sarah interroger l'ex de Matthieu.
Sentant la jeune psychologue en pleine concentration, Laura débuta l'interrogatoire :
– Bonjour, Mme Aubry. Comme vous le savez, nous devons vous poser quelques questions au sujet d'une nouvelle affaire certainement liée à la vôtre.
– Pourquoi ? murmura l'intéressée. Mon… agresseur a été retrouvé et condamné. Je préférerais clore cette histoire. J'ai tourné la page.
– Je sais, répondit Laura. Je ne veux pas rouvrir votre dossier. Seulement, un nouveau s'est rouvert ce matin… une affaire de meurtre.
La lieutenante tendit une photo de la victime à Lucie. Elle écarquilla les yeux.
– Éva Bornier ? Elle a été assassinée ?
Laura fit non de la tête.
– Pas Éva. Lily Bornier. Sa sœur jumelle – elles se ressemblent beaucoup.
– Je vois… Je ne veux pas paraître ingrate, mais quel rapport tout cela a-t-il avec moi ?
– Quels rapports entreteniez vous avec votre ancienne avocate ?
– Très cordiaux. Mais cela restait dans le domaine du professionnel.
– Elle ne vous a jamais confié des choses personnelles ? Ou que vous auriez entendu ?
– J'étais sa cliente ! Pas son amie ! Et qu'est-ce que c'est que toutes ces questions ? Je n'ai jamais eu affaire à cette Lily Bornier, et je n'ai plus revu Éva. Rien de tout ça n'a à voir avec moi. Je pars immédiatement.
Elle se leva. Et Sarah l’imita.
– Au contraire, Mme Aubry, asséna la rouquine. Tout cela a absolument tout à voir avec vous. Le squelette de Matthieu Lenoir a été retrouvé au pied du cadavre de Lily peu après que sa tombe ai été profanée.
Les épaules de l'intéressée s’affaissèrent, comme si la lieutenante lui avait donné un grand coup. Cette dernière poursuivit :
– De plus, au vu de votre langage corporel – j'ai fait des études de psychologie – et le fait que vous appelez Maître Bornier par son prénom, je suis en mesure d'affirmer que vous venez de mentir effrontément à ma collègue quand elle vous a demandé quels rapports vous entreteniez avec votre ancienne avocate. Et l'on parle ici de meurtre, Mme Aubry. Si vous nous mentez à nouveau, je vous ferai inculper pour entrave à la justice. Alors rasseyez-vous, et dites nous toute la vérité.
Elle s’exécuta, et Sarah fit de même. A partir de cet instant, la rouquine prit les commandes de l'interrogatoire, pendant que Laura écoutait, médusée :
– Bien. Reprenons. Quels rapport entreteniez-vous exactement avec Éva Bornier ?
– Au début, très cordiaux et professionnels. Mais quand Matthieu s'est… quand il… après ça, elle m'a paru vraiment ébranlée. Alors je l'ai invitée à boire un verre, pour la rassurer. Elle m'a beaucoup parlé.
– De quoi ?
– Elle m'a dit que c'était la première fois qu'une des personnes qu'elle attaquait se suicidait. Elle se sentait un peu coupable. Après l'annonce de son innocence, ça a été encore pire. C'est une fille bien. Cette histoire lui a pesé très lourd.
– Et vous ? Vous vous sentiez coupable ?
Lucie ne répondit pas tout de suite. Elle finit par balbutier :
– Je… je ne sais pas trop. Tout est allé si vite…
Laura croisa le regard de Sarah, et cette dernière cligna des yeux. Elle comprit le message : la psychologue la croyait. Celle-ci continua :
– D'accord. Connaissez-vous également Lily Bornier ?
– Non. Je ne l'ai jamais vue. Éva m'en a un petit peu parlé… Elle l'aimait beaucoup. Du moins, elle en avait l'air.
– De quoi vous a-t-elle parlé d'autres ?
– Rien d'autre. A part deux ou trois discussions, on ne s'est quasiment jamais parlées… Je veux dire, comme des amies. Et puis elle ne pensait qu'à cette histoire… Je vous l'ai dit, elle…
– Vous mentez.
Blanc. A nouveau, Laura observa sa collègue, médusée. Celle-ci était concentrée au possible, et scrutait le moindre recoin du visage de l'interrogée, qui perdit toutes ses couleurs. Elle balbutia :
– Je ne veux pas… je ne veux pas vous mentir, mais… Éva m'a fait promettre…
– Promettre quoi ?
L'intéressée ne répondit rien. Sarah se pencha en avant et murmura :
– Vous n'avez pas l'air de m'avoir comprise, il y a quelques minutes. Si vous nous cachez quelque chose qui pourrait expliquer le meurtre de Lily Bornier, je vous fait arrêter. Je serais vous, je parlerais, et vite.
Lucie soupira. Et répondit :
– OK, OK… Écoutez. Je n'avais pas compris ce qu'elle voulait me dire, à cette époque, mais elle m'a dit… Elle m'a dit qu'elle avait peur qu'un jour cette histoire lui retombe dessus, et que si elle se trouvait en danger, il fallait « dire à une tour que les loups ont fini de hurler et que les tulipes ont remporté la bataille du solstice ».
– Qu'est-ce que cela signifie ?
– Je n'en sais rien ! Elle m'a juste dit de ne le répéter qu'à la police, et uniquement si j'avais confiance en eux…
– Ce n'était pas le cas ?
– Je ne savais pas… Ses paroles m'avaient déroutée. Et puis… J'ai peur pour elle. Je sais qu'elle s'est trompée, il y a deux ans, mais elle voulait seulement m'aider…
– Très bien. Une dernière chose : Matthieu avait-il des amis susceptibles de vouloir le venger ?
Lucie ouvrit de grands yeux effarés, mais n'osa pas contester la rouquine.
– N… Non. Il était du genre solitaire. Il avait deux ou trois amis, mais ils l'ont tous laissé tombé avec cette histoire… J'imagine que c'était un peu de mae faute.
– Merci pour tout, Mme Aubry. Restez disponible, on pourrait avoir besoin de vous recontacter.
– D'a… D'accord.
Les deux lieutenantes sortirent de la salle. Laura demanda :
– « dire à une tour que les loups ont fini de hurler et que les tulipes ont remporté la bataille du solstice »… On peut savoir ce que ça veut dire ?
– Aucune idée. Sans doute un mot de passe. À dire à cette « tour »…
– Une tour…
La jeune femme se plongea dans ses pensées. Tour… Cela lui disait quelque chose.
– Mais oui ! s'exclama-t-elle soudain. Ce n'est pas une tour, c'est Latour ! Christine Latour, la meilleure amie d'Éva Bornier !
Sarah se retourna brusquement vers sa collègue.
– Et le Cap'tain est allé la voir… Je lui envoie un message pour le prévenir. Bien joué, Laura !
~
Délicatement, Roxane ouvrit le PC de Lily Bornier. C'était un bel ordinateur, processeur I-5, propre, appartement nettoyé régulièrement par son propriétaire. Elle a dû économiser pas mal de temps pour se l'offrir, songea la jeune femme, sensible à tout ce qui touchait à l'informatique. La perquisition n'avait rien donné d'autre d'intéressant, et des agents s'occupaient de tout fouiller.
Le bureau était protégé par un mot de passe. La lieutenante l'ouvrit facilement à l'aide des moyens mis à disposition des membres de l'OCCF, et commença à fouiller le contenu de l'ordinateur.
Dans un dossier intitulé « travail », elle dénicha l'emploi du temps de l'aide aux devoirs, ses projets en cours, les informations sur la famille dont elle s'occupait ainsi que sur les cas qu'elle prenait en extra. Dans un autre, elle trouva de nombreuses photographies, qu'elle inspecta toutes. Dans la plupart, elle reconnut Lily Bornier, ainsi que sa sœur – le visage toujours plus austère – et une femme qu'elle identifia comme Isabelle Sicard, apparemment très proche de la victime. Le contenu d'un ordinateur normal, que tout le monde avait.
Roxane inspecta les dossiers un par un. C'était plus qu'une perquisition, c'était une entrée dans la vie privée d'une personne, pourtant cela ne la dérangeait pas. Elle n'avait jamais été très soucieuse de ce genre de détail.
La jeune femme ne trouva rien d'intéressant dans les fichiers. C'était ceux d'une « madame normale », pas d'une victime de meurtre, sans rien qui supposait que Lily avait des problèmes, des ennemis ou même un compagnon. En soupirant, Roxane se lança dans la fouille de l'historique, puis des e-mails. La lieutenante plissa les yeux. En plus de quelques e-mails pour le travail ou la famille, elle trouva de nombreuses conversations instantanées avec cette Isabelle Sicart – qui semblait de plus en plus être la meilleure amie de la victime – et sa sœur. Roxane remonta l'historique vers la mi-novembre d'il y a deux ans.
– Bingo, souffla-t-elle.
Le 16 novembre. Le lendemain du suicide de Matthieu. Elle ouvrit la conversation :
Eva – Lily ? Tu es là ?
Lily – Ouiiiii. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Eva – C'est pour mon procès en cours.
Lily – Celui dont tu refuses de parler ?
Eva – Tu sais bien que je n'en ai pas le droit…
Lily – Mais oui, t'inquiète. C'est quoi le problème ?
Eva – Celui que j'attaquais s'est suicidé.
Quelques secondes de blanc.
Lily – Oh mon Dieu…
Eva – Et c'est pas le pire.
Eva – Des preuves ont été retrouvées.
Lily – Ne me dis pas que…
Eva – Si. Il est innocent.
Lily – Eva…
Lily – Tu vas bien ?
Eva – Pas trop.
Eva – Je me sens coupable.
Lily – Ce n'est pas de ta faute.
Eva – Je le sais bien…
Lily – Tu veux que je vienne ?
Eva – Non, non, c'est bon.
Lily – Tu veux que j’apprenne tes textes de lois par cœur, que je m'achète une robe et que je prenne ta place ?
Eva – Lily !
Lily – Bah, pourquoi pas ?
Eva – Tu sais que je t'adore ?
Lily – T'as bu ?
Eva – Arrête de me faire rire !
Lily – Nan mais sinon, pour décuver, je sais faire…
Eva – Lily…
Eva – Tu sais comment je te présente à mes amis ?
Lily – Comme ton clone ?
Eva – Essaye un peu d'être sérieuse deux minutes !
Lily – OK, déballe…
Eva – Je leur dis que t'es un papillon.
Lily – Un papillon ?
Eva – Oui.
Eva – T'es légère et insouciante, tu te poses pas, tu te contentes de vivre ta vie comme elle vient, au jour le jour, et t'as bien raison.
Eva – J'aurais dû faire comme toi.
Lily – Dis pas n'importe quoi. T'es une fille en or, aussi. T'aides des gens à faire valoir leurs droits. Encore aujourd'hui, tu aides une cliente dans le besoin.
Eva – Mais cet homme… Il est mort par ma faute.
Lily – Mais non. Tu l'as attaqué, c'est vrai, mais c'était ton boulot. Si une erreur a été commise, c'est par la police, pas par toi.
Eva – …
Lily – Fait moi confiance. T'as réussi ta vie, aussi. D'une manière différente.
Eva – Je t'aime, Lily.
Lily – Moi aussi.
Eva – Il faut que j'y aille. Salut !
Lily – D'accord. Bisou !
Eva – Bisou !
Roxane fronça les sourcils.
Je leur dis que t'es un papillon.
La lieutenante saisit sa tablette et tapa un message rapidement.
Il fallait que le Cap'tain voie ça.
~
– Récapitulons. Son téléphone n'est pas traçable, on y a sûrement retiré la carte sim, sa voiture est sagement garée devant chez elle, son appartement est vide, aucune caméra de surveillance ne l'a repérée nulle part, elle n'a pas laissé de messages ni rien qui évoque qu'elle ai voulu partir ou se suicider ?
– Voilà, tu as plutôt bien résumé la situation, rétorqua Mat.
Luc se prit la tête entre les mains.
– Restons calme, souffla-t-il. Elle doit bien se trouver quelque part.
– Sûrement. La question est de savoir où.
Le lieutenant observa le décor de la pièce en effervescence. Quasiment tous les agents affectés à la Section Élite étaient en pleine concentration sur leurs ordinateurs.
Éva Bornier semblait avoir purement et simplement disparu de la circulation. Elle n'avait qu'une voiture officielle, une Citroën blanche, toujours devant son appartement totalement vidé. Il n'y restait plus rien : les tiroirs étaient vides, les placards aussi,
et très bien nettoyé -> L'appartement ou les placards ?. L'avocate avait fait ses valises et avait filé. Mais où ? Ils ne l'avaient pas trouvée sur les images des caméras aux alentours de son appartement. Il n'y avait pas de location de voiture ou de quoi que ce soit à son nom. Son compte en banque était aussi vide que son appartement, la femme ayant retiré tous son contenu en liquide, en étalant tout cela sur une longue période. Cela faisait trois mois qu'elle préparait sa disparition, méthodiquement, calmement. Mais pour quoi ? Se sentait-elle en danger ?
Ou alors, pour une raison X ou Y, préparait-elle le meurtre de sa sœur ainsi que sa fuite ? Mais pour quel mobile ? Voilà autant de questions auxquelles il n'avait pas de réponse, et cela l'agaçait prodigieusement. Mat haussa les épaules et se dirigea vers un groupe d'agents qui travaillaient dans un coin. Et soudain, un appel, sec, lapidaire, mais tellement attendu.
– Luc, viens voir. On a quelque chose.
L'homme se détourna vivement et se précipita l'agent en chef qui pointait le doigt sur un écran. Une caméra située dans la rue devant le cabinet de Christine Latour, l'amie de l'avocate. Mat expliqua :
– Jusque là, elle a dû tourner le dos aux caméras de surveillance. Mais une nouvelle a été installée très récemment, et regarde…
Il désignait de son index une femme couverte d'un châle, qui marchait tête baissée. Cependant, elle releva la tête, et Luc reconnut les traits gracieux d'Éva Bornier, juste avant qu'elle ne se fonde dans la foule et entre dans le cabinet.
– Bien sûr, soupira la lieutenant. Elle s'est planquée avec l'aide de son amie.
– Ouais, acquiesça Mat. Et vu que le Cap'tain est allé la voir, tu ferais mieux de le prévenir… Du genre, maintenant. Il doit déjà être en train de l'interroger…
~
En fait, Alex n'était pas en train d'interroger Christine Latour.
Avant d'entrer, il avait fait quelques recherches sur le personnage. Et il sut immédiatement qu'il ne tirerait rien d'elle comme ça. Il lui fallait du concret, et seuls les membres de son équipe pourraient le lui rapporter. En attendant, il étudiait le dossier de la personne qu'il allait voir. Il ne devrait pas montrer la moindre faille, il le sentait.
Il reçut en tout premier un premier message de Luc juste après être parti.
"Éva a disparu. Elle a vidé son appartement et son compte en banque
dans un espace de trois mois. -> Le "dans" me parait bizarre. Voiture garée devant, portable indétectable, pas d'image, que dalle pour l'instant. On est en train de la rechercher."
Il fronça les sourcils. Ainsi donc, Éva s'est planquée… Voilà un nouveau mystère qui se rajoutait à cette enquête.
Ensuite vint le message d'Élodie et de Maxime alors qu'il était encore en route. Les parents ne savaient rien. Au moins, le capitaine avait à présent la confirmation que l'affaire Aubry avait beaucoup choqué l'avocate.
Juste en arrivant devant le bâtiment, il reçut d'abord l'e-mail de Sarah et de Laura, et juste après, celui de Roxane et un nouveau de Luc. Il ouvrit le premier.
"Lucie ne sait rien pour un éventuel ami de Matthieu qui aurait voulu le venger. Par contre, elle a beaucoup parlé avec Éva. Elle a d'abord tenté de nous mentir, mais Sarah l'a percée à jour, et elle a fini par avouer qu'Éva lui avait confié que si elle avait des ennuis, il fallait dire à la police de « dire à une tour que les loups ont fini de hurler et que les tulipes ont remporté la bataille du solstice ». Je pense que « une tour » désigne Christine Latour, et que le reste est une espèce de mot de passe. Vous devriez essayer de lui dire ça."
Un mot de passe. Rien que ça. Alex siffla doucement. Il avait des recrues de choix. Il ouvrit l'e-mail de Roxane :
"Rien de très intéressant dans son ordi, elle discute beaucoup avec Isabelle Sicard (meilleure amie ?) et sa sœur. J'ai tout de même une conversation intéressante."
L'homme lut la conversation jusqu'au bout. La lieutenante avait rajouté une dernière note tout en bas :
"« Je leur dis que t'es un papillon ». Et Lily tuée et déguisée en papillon. Étrange coïncidence, n'est-ce pas ?"
D'abord le mot de passe, puis cette histoire de papillons. Étrange histoire. En tout cas, une chose était à présent sûr :
Éva était liée à cette histoire jusqu'au bout. -> C'est bizarre, j'sais pas si ça veut dire grand-chose.Ensuite, il ouvrit le dernier message de Luc :
"On a aperçu Éva Bornier sur une image de caméra de surveillance juste devant le cabinet de Christine Latour, ce matin. Elle entre. Son amie sait quelque chose. L'image est en pièce jointe."
Le capitaine ouvrit la pièce jointe, et reconnut sans peine le visage de celle qu'ils recherchaient. Luc et Mat aussi avaient bien travaillé.
Éva Bornier commence à préparer une disparition soudaine pendant trois mois. Elle vide minutieusement son compte en banque et son appartement, et pile quand sa sœur meurt mystérieusement assassinée, elle disparaît. Plus cette histoire de papillon. Même si il manquait encore le mobile, Éva commençait à devenir un suspect de choix. À présent, Alex avait assez d'éléments pour interroger Christine Latour. Il entra dans le cabinet.
La femme le reçut tranquillement. Elle ne semblait pas vraiment surprise. Son bureau était simple et neutre, pas vraiment décoré. Des murs lisses, un bureau simple, une pile de dossiers, un ordinateur, le tout parfaitement rangé.
– Asseyez-vous, commença-t-elle. Je vous sers quelque chose ?
– Non merci, répondit le capitaine en s'exécutant.
L'autre fit de même. L'homme débuta l'interrogatoire :
– Bien. Savez-vous pourquoi je suis ici ?
– Lily est morte. Je l'ai vu dans les journaux.
– Vous ne semblez pas très choquée.
– Je la connaissais à peine. J'ai vu bien pire, vous savez.
– Éva ne vous l'a jamais présentée ?
– Un peu, si, mais pas plus que ça. Nous ne vivions pas dans le même monde, avec cette pauvre fille.
– Que savez-vous des relations entre Éva et sa sœur ?
– Elles étaient très proches, mais Éva ne parlait pas beaucoup d'elle.
– Les noms de Lucie Aubry et Matthieu Lenoir vous évoquent-ils quelque chose ?
– Bien entendu. Une affaire qui tourne mal, ce n'est jamais très agréable, mais Éva était vraiment très choquée par cette histoire. Elle m'en a beaucoup parlé.
– Et vous, qu'en pensez vous ?
– L'erreur est à la police. Éva n'y était pour rien.
– Est-ce que vous cachez Éva Bornier, Maître ?
Elle tressaillit. Première joute remportée par Alex.
– Pourquoi insinuez-vous cela, capitaine ?
– Plusieurs éléments.
– Pourrais-je savoir lesquels ?
– Éva Bornier a disparu de la circulation. Et la dernière image que nous avons d'elle date de ce matin, alors qu'elle entrait dans votre cabinet.
– Il y a d'autres personnes qui travaillent dans ce bâtiment. Si Éva y est entrée, je suis désolée de vous informez que je l'ignore, et vous n'avez aucune preuve.
Sec. Deuxième joute pour elle. Cependant, l'homme avait encore une arme de rechange :
– Et si je vous dis que les loups ont fini de hurler et que les tulipes ont remporté la bataille du solstice, la mémoire vous reviendrait-elle ?
Aussitôt, l'avocate changea de comportement. De méprisante, elle passa à intéressée. Doucement, elle demanda :
– Comment avez-vous entendu cette phrase ?
– C'est moi qui pose les questions, Maître. Où est Éva ?
– Pourquoi tenez-vous à savoir où elle se trouve ?
– Elle a disparu mystérieusement le jour de la mort de sa sœur, sans explication, et semble préparer cette disparition depuis très longtemps. Si nous voulons savoir la vérité sur ce meurtre, nous devons l'interroger.
– Très bien.
L'avocate griffonna une adresse sur un morceau de papier. Elle avait une écriture ronde, agréable, régulière, parfaite. Elle tendit le papier au capitaine :
– Voilà l'endroit où elle se cache.
– Savez-vous pourquoi elle a décidé de se planquer ?
– Elle vous le dira. Moi, elle m'a seulement demandée de donner cette adresse à celui qui prononcerait la phrase.
Le dernier mot était une conclusion. Elle ne dirait plus rien. L'homme lut le papier. Saint-Étienne. Bien. Il se leva et conclut :
– Merci pour votre aide, Maître. Restez joignable.
– Comme vous voudrez, capitaine.
Ils se serrèrent la main et Alex quitta la pièce.
Une fois dans la rue, il prit son téléphone et composa le numéro de Roxane. Elle décrocha immédiatement :
– Oui ?
– Roxane, tu as bien grandi à Saint-Étienne ?
– Ouaip, avec Laura, pourquoi ?
– Ça te dis quelque chose, le « Manoir du Suicidé » ?
– Bien sûr ! C'est une maison en marge de la ville. Elle est gigantesque, et je ne vous parle pas du parc… Enfin bref, un vieux couple vivait à l'intérieur y a bien cinquante ans maintenant. Le vieux s'est suicidé dans le manoir, et sa femme est partie en le laissant à l'abandon. Depuis, quelques malins ont commencé à raconter qu'il était hanté pour X raisons…
– Comme d'habitude, quoi…
– Oui, sauf que figurez vous que beaucoup de gens y ont cru. Personne ne s'approchait plus du manoir, et personne n'a voulu l'acheter. Y a eu que des pauvres orphelins comme nous pour venir y jouer… Le parc est un vrai labyrinthe !
– Les gens ont vraiment cru à cette histoire ?
– Pas vraiment, non ! Mais les parents pensaient que y avait des gens louches dans les environs, et les enfants n'avaient pas le droit d'y jouer. Les responsables de l’orphelinat s'en foutaient un peu, alors on a pas eu de soucis…
Il y eu un blanc. Alex était toujours gêné quand Roxane évoquait aussi naturellement le fait que ses parents soient morts et qu'elle n'a jamais eu comme famille que Laura, voir Mat, même si ce dernier n'était pas orphelin. La jeune femme repris :
– Pourquoi ces questions ? Vous voulez l'acheter ?
– C'est ça, bien sûr. C'est là qu'Éva s'est planquée.
– Ça semble logique. Pour disparaître de la circulation, c'est le logement idéal. Sale, mais idéal.
– Tu peux me rejoindre devant chez Latour ?
– Oui, j'y serai dans un quart d'heure environ.
~
L'après-midi commençait à décliner. Dans quelques heures, le soleil serait couché. Subjugué, Alex observait le Manoir du Suicidé.
Maintenant qu'il se trouvait en face du bâtiment, il commençait à comprendre la réticence des habitants des alentours. La façade était totalement délabrée, recouverte de lierre, et le jardin envahi par les arbres et les herbes folles. La nature avait repris ses droits dans cette curieuse bâtisse, et seul un panneau « A vendre » attestait encore de la présence des hommes.
L'entrée était protégée par un épais portail en fer noir. Roxane s'avança et le poussa simplement. Il s'ouvrit dans un grincement.
– Cela fait longtemps que la serrure est totalement rouillée, expliqua-t-elle.
Les deux collègues s'avancèrent vers la porte à la peinture délavée qui, elle, possédait une serrure toute neuve
que l'avocate avait dû se débrouiller pour faire poser -> C'est pas français ça malgré qu'elle ne soit pas la propriétaire du bâtiment.
Doucement, Alex frappa à la porte.
Une voix légèrement tremblante lui répondit :
– Qui êtes vous ?
L'homme répondit :
– Je suis le capitaine Alex Lacombe, et voilà le lieutenant Roxane Duhamel. Nous sommes de l'OCCF, Section Élite.
Tout en le disant, il tendit sa plaque devant le judas, et la jeune femme fit de même. La voix demanda :
– La phrase. Dites la phrase.
– « Dire à une tour que les loups ont fini de hurler et que les tulipes ont remporté la bataille du solstice ». C'est cela, la phrase ?
Elle ne répondit pas, mais la porte grinça et s'ouvrit.
Éva Bornier avait sale mine. Ses yeux rouges et gonflés d'avoir pleuré étaient
couverts -> Pourquoi le verbe "couvrir" pour des cernes ? de cernes. Son teint était trop pâle, ses lèvres tremblotaient. Sa chevelure rousse était sale et emmêlée, ses vêtements sentaient mauvais. Elle murmura :
– Que me voulez-vous ?
– Vous parler de votre sœur…
– Ma sœur…
L'avocate ferma délicatement les yeux.
– Oui, ma sœur. Mais j'imagine que vous allez tout d'abord me demander de vous suivre ?
– C'est exact. Nous parlerons de tout ça au poste…
~
Éva Bornier semblait étrangement calme.
Le capitaine lui avait d'abord permis de prendre une douche et de se changer. Maintenant, elle était en salle d'interrogatoire,
et elle semblait avoir repris des substances -> Des substances ???. Son corps était droit, ses yeux perdus dans le lointain, ses mains doucement posées sur le bureau. Elle avait effacé les traces de ses larmes, et elle ne semblait plus être la même femme que Roxane et Alex avait trouvé dans le Manoir du Suicidé. Le chef de la Section Élite l'observait déjà depuis quelques minutes, et il ne décelait aucune faille. Elle semblait avoir repris son attitude d'avocate.
– Alex ? Tu viens ?
Il se retourna. Il avait demandé à Élodie de venir l'interroger avec lui. Il aurait besoin d'une personne expérimentée pour faire céder leur seule suspecte.
L'intéressé hocha la tête et entra dans la pièce, suivi de la jeune femme. Ils s'assirent en face de la rouquine.
– Maître Bornier, commença l'homme. Je pense que vous avez beaucoup de chose à nous dire.
– J'imagine, capitaine. Alors, allons-y !
– Bien. Vous n'ignorez pas les circonstances de la mort de votre sœur.
– Assassinée à côté du squelette de Matthieu Lenoir. Si c'est de cela que vous voulez parler, alors oui, je le sais.
– Et déguisée en papillon, rajouta Élodie. Car c'est comme cela que vous la compariez, n'est-ce pas ?
L'avocate tressaillit.
– Je vois que vous êtes bien renseignés.
– Commençons par la question rituelle, si je puis dire, rétorqua l'homme. Où étiez vous hier soir, entre vingt heure et minuit ?
– C'est une accusation ?
– Une vérification.
– Avec Christine, on a bavardé. Il y a des caméras juste devant chez elle, vous pouvez vérifier.
– Je n'irai pas par quatre chemins, Maître, continua Alex. Pourquoi vouloir disparaître ? Et pourquoi spécifiquement le jour du meurtre de votre sœur ?
– Alors vous n'avez pas compris.
– Compris quoi ?
La femme planta ses yeux bleus dans ceux du capitaine. Ils avaient exactement la même teinte. Elle asséna :
– Ce n'est donc pas évident ? Cet espèce de jeu de piste, ce manoir paumé dans la banlieue de Saint-Étienne ? Je craignais pour ma vie !
Alex se redressa légèrement, soudainement intéressé. Il murmura :
– Que voulez vous dire ?
– Cela fait pas mal de temps que j'ai peur de mourir. Laissez moi vous raconter.
» Tout a commencé il y a six mois. J'ai commencé à recevoir des menaces, par téléphone, par écrit. Tout ces messages parlaient du procès d'il y a deux ans. Ils promettaient vengeance pour Matthieu Lenoir. Au début, je n'y ai pas prêté attention… Mais il y a trois mois, j'ai failli avoir un accident de la route. Une voiture qui m'a foncé dessus et que j'ai évité au dernier moment. Je n'avais pas de preuve, mais il était évident que le conducteur l'avait fait exprès.
» Il y a deux ans, j'avais déjà eu peur que ce procès me retombe dessus. J'avais mis au point une technique dans ce cas-là, et j'avais décidé de confier la phrase à Lucie. Il y a donc trois mois, j'ai décidé de mettre mon plan au point. Le but était de préparer une cachette
au cas où les agressions deviennent répétitives -> devenaient ou deviendraient non ?, tout en laissant une possibilité de me retracer. J'ai expliqué à Christine l'histoire du mot de passe, et je lui ai donné mon adresse. J'ai commencé à préparer ma disparition.
– Mais pourquoi vouloir disparaître et ne pas tout simplement vous rendre au poste de police ?
– J'avais peur.
Si jamais un agresseur se faisait trop violent, je me planquais quelques mois. Christine me préviens quand tout cela se calme, et je reviens. -> Passé puis présent. Ce n'était sûrement pas un bon plan… Mais j'étais vraiment effrayée. Et jamais… Jamais je n'aurais cru que celui ou celle qui m'en veut oserait… Oserait s'en prendre à ma sœur. Quand j'ai vu ça, j'ai paniqué et j'ai décidé de mettre mon plan à l'exécution.
– Mais pourquoi quelqu'un vous en aurait autant voulu pour ce procès ?
– Vous n'êtes donc pas au courant ?
Alex se pencha à nouveau en avant. Élodie inclina la tête et demanda :
– Au courant de quoi ?
– Le jeune qui s'est dénoncé. En vérité, il m'a confié avoir été menacé de mort. Et le policier qui a trouvé la vidéo de la boîte de nuit à détecté des flous suspects qui pourraient dire qu'elle a été trafiquée…
La jeune lieutenante murmura :
– Vous insinuez donc…
– C'est pourtant clair. Matthieu Lenoir a vraiment violé Lucie Aubry. Et pour une raison X ou Y, quelqu'un a caché des preuves.
~
– Mon capitaine ?
Alex venait de sortir de la salle d'interrogatoire quand un agent l'interpella.
– Qu'y a-t-il ?
– Le médecin légiste vous cherche partout, mon capitaine. Elle veut vous voir depuis cette après-midi.
L'homme grommela, puis soupira :
– Merci de m'avoir prévenu. Je m'y rends tout de suite.
L'agent s'éloigna. Alex se tourna vers Élodie :
– Qu'est-ce que t'en penses ?
– Je suis pas experte en psychologie, demande à Sarah. Mais cette histoire me semble louche. Elle n'a pas la moindre preuve !
– Et elle a refusé de nous dire quoique ce soit de supplémentaire. Je vais voir les scientifiques, préviens les autres qu'on se voit dans quelques minutes.
– OK. À plus.
~
Alice Codain s'agitait devant le corps nu de la victime.
– Vous voilà enfin ! soupira-t-elle. Bon, j'ai fini l'examen et l'autopsie, voilà le topo.
Elle montra l'entaille profonde bien visible au niveau du cœur.
– Pile au bon endroit. Celui qui a fait ça s'y connaissait. Un seul coup qui sectionne l'aorte, une mort rapide et irrémédiable. Le meurtrier a, comme je le pensais, enfilé le costume post-mortem. Pour l'heure de la mort, je ne serai pas plus précise qu'entre 20 h et minuit, comme je vous l'ai déjà dit.
– Elle a été abusée sexuellement ?
– Non. Elle n'est pas enceinte non plus. Cependant, elle a été droguée.
– Droguée ?
– Oui.
La légiste indiqua du doigt une trace de piqûre au niveau du bras gauche.
– Une drogue somnifère qui plonge rapidement dans le sommeil la personne atteinte pendant trois ou quatre heures. La victime n'était plus sous l'effet de la drogue quand elle a été tuée, mais elle devait être encore groggy – ce qui explique qu'elle ne se soit pas débattue. Je n'ai rien sous ses ongles, ni ailleurs. Votre tueur a été très prudent…
– Vous savez quand la drogue a été injectée ?
– J'ignore la quantité qui lui a été donnée, j'ai seulement des traces caractéristiques. Par contre, au vue du contenu de son estomac, elle n'avait pas mangé depuis quelques heures – je dirais avant 19h, en fin d'après-midi.
– Je vois. Vous n'avez rien d'autres à dire ?
– Je crains que non… Il va falloir que je ferme le labo.
– Et bien, merci pour l'autopsie !
~
Alex entra dans les bureaux de la Section Élite. Aussitôt, tous les yeux se tournèrent vers lui. Il annonça :
– J'ai vu avec la légiste. Elle a pas trouvé grand-chose. On se voit en salle de briefing demain matin à 9h pour faire le point.
Les lieutenants acquiescèrent et rassemblèrent leurs affaires.
Ils venaient d'achever leur première journée d'enquête pour la solde de l'OCCF.